Comme nous l'avons vu, il n'y a pas de distinction terminologique entre la magie et la sorcellerie au Maghreb, mais dans les faits, les deux disciplines se différencient. Alors que la magie cherche avant tout à soumettre les puissances surnaturelles à la volonté de l'homme, la sorcellerie, elle, tente, par des rites spécifiques, à jeter des charmes, à influer sur la destinée des êtres humains. Les activités du magicien suppose un certain savoir, et il y a même, chez certains, une spécialisation : c'est le cas des kennazin qui se consacrent exclusivement à la recherche des trésors, par des incantations et des formules magiques. Les sorciers, en revanche, recourent souvent à des procédés condamnables, comme l'utilisation d'excréments ou de cadavres, pour faire le plus souvent du mal. Une autre caractéristique propre au Maghreb, c'est que la magie est avant tout le fait des hommes alors que la sorcellerie est surtout une pratique de femme. Il y a des magiciens et des sorciers attitrés, notamment quand il s'agit de confectionner des charmes puissants, mais pour les petites entreprises, la plupart des femmes connaissent les paroles à prononcer et les comportements à adopter pour écarter le mauvais œil, pour se protéger d'un envieux ou favoriser la chance. Ces paroles et ces gestes nous viennent du fond de l'histoire et se perpétuent de mère en fille et font partie de ce que l'on peut appeler le «savoir populaire».