Les responsables des gardes-frontières de la région attestent que la réouverture des frontières avec le Maroc risque d?accroître l?activité de la contrebande, particulièrement concernant le trafic de mazout, surtout durant la saison estivale où l?on enregistre un taux important de vacanciers. «Nous prévoyons que d?autres contrebandiers viennent d?autres régions du pays pour se lancer dans la contrebande, importer ou exporter frauduleusement nos produits.» Une activité qui devrait augmenter surtout au niveau de la bande frontalière entre les deux pays. Entre Maghnia et Ghazaouet, l?on compte 3 299 commerçants au détail alors que dans le village de Souani, à 4 km des frontières, de 4 500 habitants l?on compte 23 grossistes et 56 détaillants, soit 1 grossiste pour deux détaillants ! Ce qui laisse croire que la majorité des commerçants se lance dans la contrebande. «Dans cette commune, la plupart des contrebandiers sont des femmes, elles sont souvent utilisées car elles n?attirent pas les soupçons.» Pourtant, des habitants interrogés sur la question affirment tout à fait le contraire. «Rouvrir les frontières pourrait atténuer l?activité de la contrebande, car actuellement, tous nos produits sont écoulés frauduleusement sur le marché marocain, surtout dans les villes frontalières. La réouverture des frontières permettrait un échange direct et légal entre les deux pays, tout comme autrefois. Nos produits pourraient envahir légalement les échoppes marocaines.» Un autre habitant ajoute qu?il y a beaucoup de pots-de-vin à payer. «Vous voulez aller à Oujda. Bah, il faut payer. Il y a des passeurs qui peuvent vous y conduire par un chemin dit El-Ouhda, c?est facile !», atteste notre jeune commerçant en affirmant que ces passeurs eux-mêmes paient un droit de passage de 3 000 DA.