Les contrebandiers n'ont qu'un seul but: expédier vers le Maroc de grandes quantités de carburant pour les troquer contre des plaques de kif. 16h. Les éléments des 15 postes avancés du 19e Groupement des gardes-frontières se préparaient activement pour livrer bataille aux trafiquants de drogue et de carburants. En cette journée de lundi, la localité Bab El Assa, distante de moins de 10 km de la ville marocaine d'Ahfir, se montre moins bruyante. Offrant l'image d'une ville sereine, Ahfir regorge en son sein des plus grands trafiquants de carburant. «Des dizaines d'habitations devenues des centres de stockage d'essence et de mazout, alimentent quotidiennement le Royaume chérifien», indique un garde-frontière ajoutant que le nombre de saisies est assez élevé. Le combat est le même chaque jour, a-t-il enchaîné. «Nous allons nettoyer nos frontières», a surenchéri un autre. Les éléments du poste avancé de Sidi Ayad ont saisi, lundi, quelque 300 bouteilles de liqueurs en provenance du Maroc et près de 9000 litres de carburant contenus dans des jerricans de 30 litres chacun. La saisie a été opérée par la compagnie pédestre. Un peu plus loin, au poste avancé de Lahouassi, le «front de guerre ouvert» bat son plein. Lundi matin, 7 quintaux d'orange, près de 4000 litres de carburant et une dizaine de baudets ont été saisis. Une nouvelle traque contre les suicidaires des temps modernes est annoncée. Le trafic est divers: drogue, carburant, produits alimentaires et autres. Les trafiquants usent de tous les moyens de transport et innovent même en stratèges. A ce niveau, la majeure partie des opérations sont accentuées par le nouveau mode d'«exportations téléguidées» à bord de véhicules appelés «kamikazes» ou encore les «moukatilate».Ces véhicules, équipés uniquement de moteurs et de pédales d'accélérateur, ont des capacités de chargement de plus de 70 jerricans de 30 litres chacun. Ils ne s'arrêtent qu'une fois arrivés à destination. «Leurs conducteurs n'abandonnent jamais leurs projet à mi- chemin, ils peuvent même se lancer contre tout obstacle sur leur chemin», a indiqué un garde-frontière. «Tous les effectifs sont mobilisés dans les 15 postes de surveillance et les 28 points d'observation et ce, le long d'un front de 52 km constituant le territoire à surveiller par les éléments du 19e GGF», a affirmé le lieutenant-colonel Bouziane Belarbi qui a déploré que le dispositif reste insuffisant vu le relief, à la fois, montagneux, sinueux et accidenté de toute la région. La guerre n'est pas encore gagnée Au-delà des saisies, la problématique réside dans la récupération des moyens matériels saisis. «Les véhicules saisis, utilisés par les contrebandiers seront, à l'avenir, systématiquement détruits sans pour autant passer par les ventes aux enchères» a affirmé le lieutenant-colonel Bouziane qui a juré de traquer les contrebandiers. Les saisies sont de plus en plus conséquentes et importantes. Les gardes-frontières du 19e groupement font face à d'impitoyables réseaux qui n'ont qu'une idée en tête: expédier vers le Maroc le maximum de carburant pour le troquer contre des plaques de kif. Pour éviter que les gardes-frontières ne soient victimes de tentative malsaine, il a été décidé le renouvellement des effectifs chaque trois ans, a indiqué le lieutenant-colonel Bouziane Belarbi, en poste depuis 5 mois. Mais pour mener à bien ce «nettoyage» des frontières, ces unités sont équipées de moyens humains et matériels. «Le corps des gardes-frontières se modernise pour empêcher toute tentative des contrebandiers», a affirmé le premier responsable du 19e Groupement des gardes-frontières de Bab El Assa. La contrebande, en particulier le trafic de carburant, est le phénomène qui continue à saigner l'économie algérienne. Les bilans des exportations et importations sont effarants. Le trafic de drogue prend la tête des statistiques avec la saisie, en 2009, de plus de 540 kg de kif traité. Le trafic du mazout a doublé l'année passée comparativement à l'exercice précédent. En effet, près de 740.000 litres ont été récupérés en 2009 contre 376.000 litres en 2008. Un trafic juteux vu les dividendes tirés à chacune des transactions conclues entre les fournisseurs algériens et leurs clients marocains. Le jerrican de 30 litres de mazout revient au prix de 450 DA à la base; il est cédé aux frontières au prix double avant qu'il n'atteigne l'équivalant des 1300 DA au Maroc. Pour sa part, le groupement de la Gendarmerie nationale de Tlemcen a enregistré une hausse de près de 20% des saisies de drogue. Par ailleurs, trois réseaux de trafic des stupéfiants ont été démantelés. Les opérations en question ont permis l'arrestation de 15 barons et la saisie de près de 30 quintaux de kif traité.