Avenir Le rideau tombera ce soir sur la saison footballistique 2004-2005 avec la finale de la Coupe d?Algérie et la traditionnelle cérémonie des récompenses. D?abord au stade du 5-Juillet où se déroulera la finale de la Coupe d?Algérie entre l?ASO Chlef et l?USM Sétif, ensuite dans des salons plus feutrés, le premier magistrat du pays croisera le chemin de la famille du football et à sa tête le président Mohamed Raouraoua. C?est la tradition qui le veut. Alors tout le monde s?interroge sur ce que dira le premier responsable de la discipline au président Bouteflika sur la déroute de notre sport-roi et de la situation catastrophique dans laquelle il se trouve. Et qu?en pensera le président sur ce football qui ne donne plus aucun titre au pays et ne soigne pas son image de marque dans le concert des nations ? Le hasard fait aussi que la rencontre, aussi furtive soit-elle, entre le premier décideur de ce pays et un président en fin de règne coïncide avec l?élimination «historique» de notre équipe nationale de la CAN-2006 et la démission, à «l?amiable», de son sélectionneur Ali Fergani. Le sixième sélectionneur consommé en moins de quatre ans par la FAF, après Madjer, Zouba et son staff, Leekens, Saâdane et son staff et enfin Waseige. Une instabilité qui en dit long sur la stratégie peu convaincante de l?équipe dirigeante, pour ne pas dire catastrophique. Si des avancées palpables, et salutaires d?ailleurs, sont constatées en matière d?organisation de la discipline, de législation ou dans la maîtrise de certains paramètres comme la programmation ou la gestion quotidienne de la compétition, le football algérien a vraiment du chemin à faire et de grands moyens à se donner pour espérer sortir la tête du trou et fréquenter de nouveau ce qui se fait de mieux sur cette planète-foot qui ne cesse de progresser. Le rideau tombera sur la saison 2004-2005 avec une cote d?alerte jamais atteinte auparavant, même durant les années les plus dures au début des 90ties. Aux Verts, avant-derniers de leur groupe qualificatif au Mondial et à la CAN-2006, toutes les sélections de jeunes sont balayées de toutes les compétitions internationales. Même la sélection espoirs (moins de 21 ans), pourtant invitée aux Jeux méditerranéens d?Almeria, a failli déclarer forfait faute d?avancer un objectif clair. Les clubs, ces grands trous noirs où se déverse à flots et sans fin l?argent du contribuable, parlons-en. Pour la première fois depuis des décennies aucun d?entre eux n?a passé le printemps, c?est-à-dire les tours préliminaires des différentes coupes continentales. Il s?est même trouvé que le champion de cette saison, et c?est un signe des temps, soit éliminé deux fois de suite après avoir été reversé dans la Coupe de la CAF et par un modeste club de banlieue. Il n?y a pas de quoi être fier en bombant le torse pour des titres dans un football médiocre ou de travestir la réalité en faisant une troisième place au classement pour une ligue des champions. Oui, celle de la bêtise. Après la participation catastrophique de notre sport aux derniers Jeux olympiques d?Athènes que certains ont voulu maquiller par des Jeux arabes de seconde zone, le sport algérien va mal et le football, considéré par beaucoup comme sa locomotive, va pire. La saison 2004-2005 et pour preuve a été celle de toutes les crises. Crise morale (arbitrage), crise d?éthique (corruption et trafic), crise de structure (un MCA en état de tension permanent), crise de gestion (une JSK qui engloutit des milliards pour aucun titre), crise de l?environnement (violence dans et autour des stades), crise de l?encadrement (40 entraîneurs ou staffs se sont succédé au niveau de 13 clubs de l?élite, sans compter ceux des sélections nationales), crise d?infrastructures (l?EN sans stade ni centre de regroupement, de grands clubs dans la même situation). Et la liste est longue, à laquelle on pourra ajouter tous ces projets à l?arrêt (Sidi Moussa, centres de formations), ces textes qui traînent dans le temps, le clientélisme, l?esprit clubard et le chauvinisme, le racisme (phénomène nouveau dans nos arènes), l?absence de formation, l?entrisme et d?autres maux qui rongent le football. Ce soir, le président Bouteflika et plusieurs membres de son gouvernement discuteront forcément de ce football malade et au bord de la disparition, car dans la situation où il se trouve, il ne profite qu?à ceux qui en font un fonds de commerce. Au moment où le rideau tombe sur la saison, personne n?a le droit d?occulter cette catastrophique réalité de notre sport dit roi. Même le président de la République en personne.