Alerte L?absence de lois de règlement budgétaire fait que les budgets de l?Etat, approuvés par l?APN, sont comme des chèques en blanc délivrés aux gouvernements successifs. Invité, hier, au centre de presse El-Moudjahid, Ahmed Guerza, député FLN, a poussé un cri d?alarme pour dire que sa représentation nationale est complètement coupée du peuple. Le peuple est à ce titre loin des réalités de la gestion de ses biens financiers. «Nous sommes en rupture totale de communication avec nos électeurs», assène-t-il. En présence des présidents de la Cour des comptes et de la Commission économique, l?expert comptable et élu du peuple a tiré la sonnette d?alarme en voulant donner son opinion sur les insuffisances criantes qui existent dans le pays en matière de contrôle financier parlementaire. Autrement dit, il a tenu à mettre en avant le fait que l?Assemblée nationale populaire n?a pas un droit de regard sur les finances publiques et que son action de contrôle est accomplie à moins de 20 % de la norme légale en Algérie et encore moins par rapport aux normes internationales. «En réalité, les finances publiques ont été, depuis toujours, très mal contrôlées par le Parlement», révèle-t-il. Cette carence trouverait sa source dans l?absence quasi totale d?une loi de règlement budgétaire, une sorte de comptes rendus et d?informations pouvant faire office, aux parlementaires, d?instruments de contrôle et d?évaluation des actions financières réalisées par le gouvernement. Celui-ci ne rendrait donc pas compte de ses dépenses publiques réalisées sur le budget de l?Etat. Pourtant, la Constitution et la loi 84 -17, modifiée et complétée, reconnaît clairement ce droit de regard et de sanction à l?égard de l?action du gouvernement. Pourquoi cette situation ? M. Guerza répond en constatant que «les élus du peuple sont mal alimentés en informations financières et budgétaires et la procédure d?élaboration de la loi de finances est très insuffisante. Ils exigent que soit présentée une loi de règlement budgétaire.» En d?autres termes, la situation serait inquiétante dès lors que le gouvernement exerce «une rétention» de l?information qui handicaperait l?APN dans ses missions constitutionnelles. «Nous sommes incapables de faire un contrôle financier judicieusement», a-t-il martelé. S?agissant des ressources publiques en devises et des banques algériennes, «celles-ci échappent totalement au contrôle des députés», dira-t-il. Et d?insister : «Il faut que la relation Banque- APN soit révisée.»