Si pour le chef du gouvernement, «il n´y a plus de problème», l´application de la plate-forme d´El Kseur se fera conformément à la Constitution. Le chef du gouvernement, comme il fallait s´y attendre, n´a pas manqué de soulever hier la question de la crise de Kabylie lors de la présentation de son bilan annuel devant les députés de l´APN. Loin d´opter pour des chemins de traverse, Ahmed Ouyahia va droit au but en décrétant «réglée» cette question. Impossible de s´y tromper, en effet, en écoutant les passages réservés à cette affaire dans son discours. Il y indique, en effet, que «s´agissant de la stabilité nationale, elle a été marquée par une progression nouvelle grâce au dénouement de la crise de la région de la Kabylie qui a endeuillé tout notre pays». Une pareille assurance, toutefois, tranche avec la manière avec laquelle le dialogue est en train de progresser. Mais aussi avec les «réticences» constatées ici et là, y compris chez des «indus-élus» membres de l´Alliance présidentielle et de la coalition gouvernementale. Ahmed Ouyahia poursuit pour dire que «l´effort investi par Monsieur le président de la République pour dénouer cette crise et le dialogue dont le gouvernement a été chargé et auquel il s´est patiemment attelé, ont enfin abouti à l´accord du 15 janvier dernier pour la mise en oeuvre de la plate-forme d´El Kseur par l´Etat, dans le cadre de la Constitution et des lois de la République, en collaboration avec le mouvement des archs qui a initié cette plate-forme». Les mêmes conditions, il faut le dire, sont contenues dans le rapport d´Ouyahia remis la semaine passée aux députés. Il en ressort que le respect de la Constitution et des lois de la République sont des préalables auxquels le mouvement des archs devrait lui aussi souscrire. Cela implique pas mal de scénarios et de lectures, puisque le retrait des gendarmes, pour ne citer que cet exemple, n´est pas conforme à la loi. L´officialisation de Tamazight, elle aussi, contredirait la Constitution dans le cas où celle-ci n´était pas révisée. Même le départ des élus, partant de ce constat, devient problématique partant du constat que c´est le gouvernement qui en a validé les résultats suivant les lois de la République. La situation, du reste, était autrement plus compliquée lors des législatives, ce qui n´empêche pas la Kabylie d´avoir ses «députés» au sein de l´APN. Cette lecture est faite par beaucoup de députés, y compris des représentants de la majorité présidentielle, qui ne comprennent pas quel cours exact vont prendre les évènements. L´essentiel pour eux, en tout cas, est que « le chef du gouvernement se montre très rassurant»concernant cette question qu'il considère d'ores et déjà comme étant définitivement «réglée». Toujours est-il que le chef du gouvernement, et en dépit de ces assurances et du fait que le mouvement des archs soit en phase avec lui, ne manque pas de mettre en garde contre les éventuels «incidents de parcours». Revenant sur l'accord en question, en effet, Ahmed Ouyahia déclare que celui-ci «sera appliqué dans sa lettre et dans son esprit (même s'il) provoque ici ou là quelques contestations politiques». Il n'en tient pas moins à ajouter que «cette démarche n'est dirigée contre personne». Explications : «dans sa philosophie-même, elle (la démarche en question, Ndlr) n'a d'autre objectif que de consolider l'unité nationale sacrée, de promouvoir l'Etat de droit que nous voulons tous et la démocratie dont nous nous revendiquons tous ensemble, tout comme cette démarche vise à affirmer l'égalité des droits et des devoirs entre tous les citoyens partout où ils se trouvent, sans aucune exclusive ni aucune exclusion». Le règlement définitif de la crise de Kabylie sera sans doute le plus beau pari tenu d'Ahmed Ouyahia, estiment les observateurs, lesquels s'attendent à d'autres effets d'annonce d'une très grande importance au regard de la très grande assurance dont a fait montre le chef du gouvernement lors de la présentation de son bilan. Il ne fait pas de doute, non plus, que nous en saurons plus à la faveur des interventions des députés, 146 au total, et des réponses que leur consacrera Ahmed Ouyahia.