Appréhension Les citoyens, dont les habitations ont été touchées par le séisme, continuent de souffrir, les réparations n?ayant pas été effectuées. Plafonds arrachés, cloisons à moitié démolies dans certains appartements, murs profondément creusés. Le tout est laissé à l?abandon depuis un mois et demi par l?entreprise qui avait en charge de faire des travaux de réparation dans les bâtiments 18-20 et 19 B de la rue Ahmed-Zabana et à l?ex-rue Francis-Garnier à Didouche-Mourad. À peine les travaux préliminaires achevés que l?entrepreneur s?est retiré pour ne plus réapparaître, laissant les habitants de ces immeubles face à une situation qu?ils considèrent plus grave que le séisme lui-même. «Un mois et demi au milieu des courants d?air et de la poussière qui tombe du plafond, sans compter que toutes nos affaires sont éparpillées.» C?est la plainte qui revenait dans toutes les bouches, lors de notre passage, hier, dans ces bâtiments. Des allergies et des complications d?asthme nous sont signalées. Les plus chanceux ont pu éloigner leurs enfants, mais la perspective de la rentrée scolaire inquiète les parents qui ont peur que cette situation dure trop longtemps. «Je n?en peux plus. Je suis asthmatique et je respire le plâtre en permanence, nous dit Mme Habiba B. dont l?époux fait des pics de tension à cause de la situation. «Je regrette de les avoir laissés toucher à ma maison.» Un sentiment partagé par toutes ses voisines. «Cela ne méritait pas toute cette casse», affirme Mme Rebahi dont la cloison entre sa chambre et la salle à manger n?existe presque plus. Avec beaucoup d?amertume et tout en regardant les ouvertures dans les murs et les fils électriques en réfection parce qu?ils ont été sectionnés, elle déplore que la promesse de rapidité et d?efficacité n?ait pas été tenue. «Voyez le résultat. Je suis persuadée qu?ils ont fragilisé l?appartement à tel point que je crains qu?il y ait une secousse. Pourtant, notre immeuble est pratiquement récent puisqu?il date du début des années 1950», souligne-t-elle. Elle se dit pessimiste quant à la qualité des travaux qui seront effectués un jour, car tous affirment que le contrat de l?entrepreneur a été résilié. «Je ne pense pas que mon appartement puisse redevenir comme avant. Il y a eu trop de casse et les ouvriers que l?entrepreneur a engagés manquent d?expérience». Si l?on croit ses autres voisins, ceux-ci manquent même de matériel. «Ils nous ont demandé des échelles, des marteaux, des burins», fait remarquer Kamel qui se demande sur quelle base des marchés sont octroyés aux entrepreneurs. On nous signale que ces derniers (les ouvriers) ont observé une grève dès les premiers jours pour protester contre leur non-paiement. «Nous avons dû les nourrir parce qu?ils n?avaient pas de quoi se payer leur déjeuner», nous dit-on. D?ailleurs, l?entrepreneur reste à ce jour redevable d?une somme de 10 000 DA à chacun des 4 ou 5 ouvriers, selon deux d?entre eux que nous avons trouvés sur place. Ces derniers se montrent inquiets quant à leur salaire. Ils nous demandent si l?entrepreneur va reprendre. Alors que nous abordons un locataire d?un des bâtiments concernés, un technicien de l?entreprise en question nous affirme que les travaux reprendront aujourd?hui, mardi. Refusant de nous entretenir du différend qui a provoqué la résiliation du contrat, il se contente de nous dire qu?il s?agit d?un «petit problème qui a été aplani».