Rappel Auparavant, traverser les gorges de la Chiffa, était, pour les citoyens, une entreprise risquée. L'endroit était infesté de terroristes. Le nom de la Chiffa était associé aux pires crimes et atrocités. Les automobilistes, qui devaient traverser cette route ? passage obligé entre Alger et Médéa ? ne le faisaient que contraints et forcés, la peur au ventre. Le danger guettait le routier à chaque virage. La mort avait un visage humain, la vie aussi. Les gorges de la Chiffa, voraces, avalaient, comme un boa, nombre de vies humaines. Les victimes étaient souvent de simples citoyens. Les ponts étaient détruits, les faux barrages étaient fréquents sur ces lieux désertés par la vie. Grâce aux sacrifices des services de sécurité et à l'implication des citoyens, la vie a, peu à peu, repris ses droits. Les gens n?ont plus ce serrement au c?ur, lorsqu'ils traversent la région. Les éléments des services de sécurité ont investi les lieux, leur présence rassure. Alors que les éléments de l'ANP occupent les hauteurs, les gendarmes sillonnent par brigades la route dans un interminable va-et-vient. «Oui, la situation s'est nettement améliorée», dira un gendarme. Yahi est propriétaire d'un bus, il achemine depuis dix ans les voyageurs entre Ksar El-Boukhari et Blida. Ce témoin de la période noire se rappelle : «Auparavant, lorsque j'arrivais ici, je priais pour que rien n?arrive, à mes passagers et à moi. A 14 h, la région était bouclée. D'ailleurs les gendarmes nous déconseillaient de travailler au-delà de cette heure». Pour ce transporteur, la situation sécuritaire s?est nettement améliorée : «Si auparavant la circulation s'arrêtait à 14 h, aujourd'hui, on peut circuler librement à 2 heures du matin.» Aujourd'hui, c?est jour de repos pour ce transporteur. Il a préféré venir ici accompagné de son épouse pour une journée de détente. «La preuve que tout se passe bien. Si je savais que la situation était risquée, je ne mettrais pas en péril la vie de ma femme.» Ce qui reste à améliorer, selon lui , «c'est la circulation du trafic routier, notamment le week-end». Les frères Blidis sont des gardiens de parking, ils veillent au grain. Nabil explique : «La région est aujourd?hui très sécurisée, d'ailleurs, on dort ici dans cette baraque.» Son frère, précise : «C'est l'endroit le plus sûr. Car les visiteurs nous laissent leur voiture et partent toute la journée.» Laroussi, un habitant de Beni Mered, est un amoureux de la nature. Il vient chaque week-end, «même à l'époque du terrorisme, je faisais des visites-éclair dans la journée», souligne-t-il. Nassima, sa compagne, avoue son hésitation lorsqu'il l?invitait à la Chiffa. «Auparavant, lorsqu'il me demandait de l'accompagner, je refusais, j'avais peur. Maintenant, que j'ai constaté de mes propres yeux la situation, c'est moi qui lui demande de m?y emmener.»