Le dernier week-end a retenti tel un clairon pour sonner la charge aux GIA, dont les mouvements ont été particulièrement meurtriers. Hier, lors de notre passage au lieu dit Tâcht sur les hauteurs de Larbaâ, du sang, beaucoup de sang, maculait encore la route sinueuse, au bitume mal fait, du lieu de l'attentat, survenu mercredi dernier, à 21h 30. Des bris de glace et des douilles de balles de kalachnikov sont encore présents pour témoigner du drame qui s'y est produit deux jours auparavant. Ce jour-là, un groupe terroriste investit cette route située à moins de 200 mètres d'un contingent militaire, établi dans l'ancien domaine de douar Tâcht. Situé sur les hauteurs de Larbaâ, il surplombe cette ville dont il est distant de 12 km et mène vers Tablat, située à une trentaine de kilomètres au sud-est. C'est-à-dire que c'est dans un endroit lugubre, dangereux et, en fait, un véritable coupe-gorge, que le groupe a choisi de tendre son embuscade. Coup sur coup, il arrête trois véhicules. Une Renault Clio, une Super 5 et une Mazda-Fourgon. Les passagers, contraints de descendre des véhicules, sommés de mettre genoux à terre, sont tués à bout portant. L'abondance du sang qui a maculé la route et les herbes situées en lisière renseigne sur ces assassinats commis de près. On parle d'un survivant, blessé, qui a pu s'échapper pour alerter les militaires, stationnés dans un vaste camp fait de mansardes abandonnées et situé à quelque 150 m plus bas, mais il est impossible de l'affirmer. Un militaire, membre du contingent qui effectuait, hier encore, un ratissage dans la région, a démenti cette information en précisant qu'effectivement un homme a pu passer entre les mailles du faux barrage, mais qu'il a été rattrapé trente ou quarante mètres plus loin et abattu. La zone, lieu de l'attentat, est un lieu de passage du GIA, qui y transite pour rejoindre les maquis de Médéa, et reste, à ce jour, particulièrement risqué de jour comme de nuit. Le lendemain jeudi, presque à la même heure (22h) un autre attentat est commis dans une maison à la sortie de la Chiffa, autre ville située, comme Larbaâ, dans la wilaya de Blida et classée à «haute risques» jusqu'en 1999. Cette fois-ci, le mode opératoire change. Le groupe armé n'attend pas que des véhicules se présentent sur son chemin, mais va carrément vers ces cibles, ici une famille apparemment sans problème habitant une vieille maison près du domaine agricole n°2 à la sortie sud de Chiffa, en allant vers Médéa (voir article ci-dessous). Dans le premier cas (Larbaâ) comme dans le second (La Chiffa), l'attentat est perpétré en cinq minutes. Ce qui permet aux groupes, auteurs des massacres, un repli rapide, avant l'arrivée des forces de sécurité. Notons que ce week-end a été particulièrement meurtrier avec trois attentats (le dernier est commis à Merdja Sidi Abed, dans la wilaya de Relizane), lesquels ont fait au total 21 morts et 4 blessés. Ces attentats, qui portent le nombre de morts à 330 depuis le début de l'année, et 80 depuis le début du mois, replacent le terrorisme en Algérie en pole position des soucis sécuritaires après en avoir été éloigné de l'information quotidienne par une relative éclaircie. Si les attentats de la Chiffa et de Larbaâ sont imputables aux GIA locaux, il n'en est pas de même pour l'attentat de Relizane, qui serait l'oeuvre, vraisemblablement, du groupe de Mohamed Benslim, les Houmaât eddaâwa es-salafiya. Ces deux organisations hégémoniques au Centre et à l'Ouest, semblent répondre en écho au Gspc, hégémonique à partir de Meftah et Khemis El-Khechena sur les zones situées dans la région kabyle et à l'Est. Un patchwork terroriste indescriptible se noue et se dénoue au gré d'une logique qui nous échappe encore.