Consécration Depuis sa nomination à la tête de la sélection nationale des moins de 23 ans (espoirs), Mustapha Biskri n?a pas eu à s?exprimer sur ses nouvelles fonctions. Mais pour InfoSoir, il donne ses premières impressions sur son nouveau challenge et le grand chantier qui l?attend. InfoSoir : Comment avez-vous accueilli votre nomination et quelle a été la première chose que vous avez faite dès votre prise de fonction ? M. Biskri : Comme tout entraîneur qui a de l?ambition, j?ai accueilli cette sollicitation, que je considère comme une suite logique dans ma carrière, avec beaucoup de satisfaction. Pour le moment, je n?ai pas encore pris mes fonctions. Disons, que je suis en phase d?observation. Je m?occupe de la préparation d?une base de données sur la sélection. Les joueurs sont également en phase de préparation avec leurs clubs respectifs, et notre travail débutera réellement avec le coup d?envoi du championnat. Qu?allez-vous apporter à la sélection et quels sont les objectifs qui vous ont été assignés ? Il y a un travail qui a déjà été entamé par mon collègue Benchikha puis poursuivi par Ighil, notamment lors des derniers Jeux méditerranéens d?Almeria, et que je devrais, à mon tour, continuer dans la perspective de nos deux échéances essentielles, à savoir les Jeux africains d?Alger, en 2007, et les éliminatoires des jeux Olympiques de 2008. Nous avons donc deux ans devant nous pour travailler d?arrache-pied afin de monter une équipe compétitive capable de réussir ses deux compétitions. J?ai toujours essayé de travailler dans la continuité en évitant de chambouler un effectif ou de remettre en question le travail de mes prédécesseurs. On ne reprend pas à zéro puisqu?il y a eu déjà des avancées au niveau de cette sélection, à moi d?amener ma touche, si je peux me permettre ce terme, et de façonner cette nouvelle équipe qui a besoin de se hisser, sur un plan mental et organisationnel, à un niveau international. Pour le moment, je m?occupe de la base de données générale sur la méthodologie de l?entraînement qui, elle, est axée sur les trois aspects : technique, tactique et physique, ensuite, sur le travail de groupe et le travail individuel en fonction des joueurs sélectionnés. En deux mots : nous devons présenter au bout d?un certain temps un bon produit de qualité sur tous les plans. Avez-vous une idée sur l?organisation de votre travail et les regroupements que vous allez mettre en place ? Ce seront des regroupements cycliques. Au départ, on devra travailler en étroite collaboration avec les entraîneurs des clubs, à la suite de cela, on trouvera la formule la mieux adaptée pour nous regrouper et travailler en sélection. J?envisage donc de me réunir avec mes collègues techniciens des clubs pour voir de plus près la possibilité de prévoir même des séances spécifiques pour les internationaux. On ne peut pas progresser sans l?apport des clubs. Notre réussite dépendra de l?échange continue et régulier qu?on entretiendra avec les clubs, où l?on se déplacera régulièrement y compris lors des séances d?entraînement. Les sélections algériennes, notamment celles des jeunes, ont, de tout temps, souffert du manque de confrontation avec le haut niveau, comment allez-vous combler ce déficit ? Le président de la fédération est sensible à ce volet et conscient que la progression d?une sélection ne se fera qu?à travers ses confrontations avec les grandes nations développées du football. Il essaye donc d?intégrer, pas seulement les moins de 23 ans, mais toutes les sélections de jeunes, dans les grands tournois, comme celui de Toulon par exemple, et trouver des sparring-partners de qualité lors des dates Fifa à venir. À ce niveau-là, il y a une véritable prise de conscience qui équivaut au montage d?un programme ambitieux pour doser et situer le travail de la sélection. A la fin du dernier championnat, alors que vous étiez au NAHD, vous avez émis un avis sévère sur le niveau de notre football, qu?en est-il vraiment ? Il ne faut pas se leurrer, notre football accuse un grand retard et a beaucoup régressé ses quinze dernières années. Il y a un problème au niveau de notre football et il se situe dans le manque d?intérêt des clubs vis-à-vis des jeunes catégories. Chez nous, il n?y en a que pour les seniors, et encore. Nos jeunes footballeurs souffrent d?un délaissement total qui se répercute sur leur niveau une fois arrivés en senior puisqu?on se retrouve avec un produit médiocre. Ce n?est pas, évidemment, la faute au joueur ni celle de l?entraîneur, mais c?est plutôt celle des clubs qui manquent d?organisation, de structuration et de travail. Quelle est la première étape de votre travail, car InfoSoir compte suivre pas à pas cette équipe nationale des moins de 23 ans ? La première échéance sera le début du championnat où on commencera notre travail de prospection et de suivi des joueurs faisant partie de la liste déjà établie des internationaux. La tranche d?âge qui nous intéresse est celle allant de 1984 à 1986, voire 1987. Certains d?entre eux s?arrêteront en 2005, mais l?essentiel du groupe que nous possédons ira au-delà de cette limite ce qui nous permettra un large éventail de choix et une palette intéressante pour travailler. Cela dit, il faudra songer à élargir le champ de vision et d?action en allant prospecter au niveau de tous les clubs, y compris dans les divisions inférieures, et au-delà de nos frontières. Une fois qu?on entamera la saison, on conviendra d?un autre rendez-vous où je vous donnerai avec précision les détails de notre programme de travail pour, au moins, les deux années à venir.