Résumé de la 15e partie n L?ogre a déjà avalé deux membres de l?équipage. Leurs compagnons envisagent de le tuer. «Comme il m'était venu dans l'esprit un projet sur cela, raconte Sindbad, je le communiquai à mes camarades, qui l'approuvèrent. Mes frères, leur dis-je alors, vous savez qu'il y a beaucoup de bois le long de la mer ; si vous m'en croyez, construisons plusieurs radeaux qui puissent nous porter et, dès qu'ils seront achevés, nous les laisserons sur la côte jusqu'à ce que nous jugions à propos de nous en servir. Cependant, nous exécuterons le dessein que je vous ai proposé pour nous délivrer du géant ; s'il réussit, nous pourrons attendre ici avec patience qu'il passe quelque vaisseau qui nous retire de cette île fatale ; si au contraire nous manquons notre coup, nous gagnerons promptement nos radeaux et nous nous mettrons en mer. J'avoue que, nous exposant à la fureur des flots sur de si fragiles bâtiments, nous courons le risque de perdre la vie ; mais, quand nous devrions périr, n'est-il pas plus doux de nous laisser ensevelir dans la mer que dans les entrailles de ce monstre qui a déjà dévoré deux de nos compagnons ? «Mon avis fut goûté de tout le monde et nous construisîmes des radeaux capables de porter trois personnes. Nous retournâmes au palais vers la fin du jour, et le géant y arriva peu de temps après nous. Il fallut encore nous résoudre à voir rôtir un de nos camarades. «Mais enfin voici de quelle manière nous nous vengeâmes de la cruauté du géant. Après qu'il eut achevé son détestable souper, il se coucha sur le dos et s'endormit. D'abord que nous l'entendîmes ronfler selon sa coutume, neuf des plus hardis d'entre nous et moi, nous prîmes chacun une broche, nous en mîmes la pointe dans le feu pour la faire rougir, et ensuite nous la lui enfonçâmes dans l'?il en même temps et nous le lui crevâmes. La douleur que sentit le géant lui fit pousser un cri effroyable. Il se leva brusquement et étendit les mains de tous côtés pour se saisir de quelqu'un de nous, afin de le sacrifier à sa rage ; mais nous eûmes le temps de nous éloigner de lui et de nous jeter contre terre dans des endroits où il ne pouvait nous rencontrer sous ses pieds. Après nous avoir cherchés vainement, il trouva la porte à tâtons et sortit avec des hurlements épouvantables. «Nous sortîmes du palais après le géant et nous nous rendîmes au bord de la mer dans l'endroit où étaient nos radeaux. Nous les mîmes d'abord à l'eau et nous attendîmes qu'il fit jour pour nous jeter dessus, supposé que nous vissions le géant venir à nous avec quelque guide de son espèce ; mais nous nous flattions que, s'il ne paraissait pas lorsque le soleil serait levé, et que nous n'entendissions plus ses hurlements que nous ne cessions pas d'ouïr, ce serait une marque qu'il aurait perdu la vie et, en ce cas, nous nous proposions de rester dans l'île et de ne pas nous risquer sur nos radeaux.» (à suivre...)