«Si vous me demandez ce que je ressens, je ne peux pas l'expliquer. Pendant plus de cinquante ans après la guerre, je n'ai pas pu venir ici. Je ne peux pas non plus aller visiter le musée», affirme Michie Kakimoto, une femme menue de 79 ans, courbée par le poids des ans. Venu d'Osaka (ouest), Takashi Nishikawa, 74 ans, habitait Hiroshima au moment du bombardement atomique. «L'explosion de la bombe m'a réveillé en sursaut. Trois membres de ma famille sont morts brûlés, les deux autres ont survécu», dit-il, accusant le Premier ministre de ne pas prendre la défense de la paix au sérieux. Un peu à l'écart, sur un fauteuil roulant, Shin Hibike, faisait face au cénotaphe. Il avait disposé devant lui des boîtes qui contenaient, selon lui, les restes de victimes du bombardement. «Même si tout le monde préfère reposer en paix dans des tombes, ces personnes ont sacrifié leur repos éternel au nom de la paix», a déclaré le vieil homme, en référence à la phrase gravée sur le monument : «Que toutes les âmes reposent ici en paix, car nous ne répéterons jamais cette erreur.» Quelle erreur ? «Il y a deux erreurs», explique le président de la Chambre des députés Yohei Kono : «L'une a été la décision du Japon de choisir l'option militaire quand il aurait pu s'allier avec les autres pays asiatiques pour combattre l'impérialisme. L'autre erreur fut de recourir à des bombes atomiques contre des civils, et ça c'est impardonnable, quelle qu'en soit la raison».