Le ministre de l?Energie veut rassurer tout le monde : la privatisation de Sonatrach n?est pas à l?ordre du jour ; du moins pas dans l?immédiat. Avec un baril qui va de record en record, l?entreprise et, par ricochet, l?Etat dorment sur une fortune. C'est ce qu'a déclaré, jeudi lors d?une brève visite à Arzew, le ministre de l?Energie à propos de la privatisation de Sonatrach donnée quasi inéluctable dans les années à venir. «On privatise lorsque le nouvel acquéreur apporte des choses qui manquent à l'entreprise. Or Sonatrach n'a point besoin d'un apport extérieur. Elle dispose de la technologie, de fonds suffisants et de nombreuses opportunités de développement et de partenariat», a ajouté Chakib Khelil qui martèle : «La privatisation et la restructuration de Sonatrach ne figurent pas à l'ordre du jour comme le sont actuellement d?autres sociétés», en citant le cas d'Asmidal qui vient d'entrer en partenariat avec la société privée espagnole Fertiberia. En d?autres termes, la privatisation de Sonatrach, véritable placenta dans lequel s?abreuve pratiquement toute l?économie nationale, ne peut être envisageable que si l?Etat constate un gros déséquilibre entre ses recettes et ses dépenses. Ce qui n?est pas le cas aujourd?hui. L?annonce a certainement pour effet de tempérer, un tant soit peu, les ardeurs du camp des détracteurs, surtout ceux qui crient sur tous les toits la scabreuse histoire des cadres de l?entreprise suspendus et traduits devant les tribunaux. Une histoire ayant défrayé la chronique au moment où l?opinion nationale braquait essentiellement son regard sur ce que serait le devenir de la première entreprise nationale et, par ricochet, de toute l?économie nationale si jamais le projet de loi sur les hydrocarbures à l?estampille Khelil venait à être approuvé par l?APN en septembre prochain. Cette frange de détracteurs, qui comptent économistes, leaders de parti politique, cadres de l?UGTA et dirigeants des différents patronats, a tout le temps assimilé ce projet de loi à une sorte de bradage pur et simple de la première richesse de l?Algérie. A tous ceux-là, Chakib Khelil réitère l?engagement de l?Etat à préserver sa première richesse face aux convoitises de tout bord. Avec un baril dont le prix bat chaque jour un nouveau record, l?embellie financière de Sonatrach est aujourd?hui si réconfortante que l?on ne se prive pas de prédire un redressement en douce de l?économie du pays et la marche sans grands accrocs du plan de redressement tous azimuts. Mais qu?aura à dire le citoyen dans la rue en apprenant que Sonatrach et l?Etat sont inondés d?argent alors que, lui, peine dans ses misères quotidiennes, à faire toute une gymnastique pour boucler ses fins de mois avec des dépenses et un trop-plein de charges comme épée de Damoclès sur sa tête ? Sonatrach riche, l?Etat riche ? Oui et après?