Une hausse du plafond ne se traduira pas forcément par des barils supplémentaires sur le marché. Réunis à Ispahan (Iran), le cartel pétrolier a surpris son monde. Les pays producteurs du pétrole ont entériné hier, le principe d'augmenter leurs quotas de production de 0,5 million de barils par jour à 27,5 millions à compter du 1er avril prochain. Le cartel se réserve également la possibilité d´une hausse supplémentaire de 500.000 barils par jour, au deuxième trimestre si les prix restent élevés. "La conférence a par ailleurs autorisé le président à permettre, après consultations avec les autres chefs de délégation, une hausse supplémentaire de 500.000 barils par jour d´ici à la prochaine réunion extraordinaire de l´Opep ( qui aura lieu le 7 juin à Vienne ) si les prix restent à leur niveau actuel ou continuent à augmenter », a indiqué un communiqué de l'Opep diffusé après la réunion. L'objectif des pays producteurs est de rassurer les consommateurs sur les quantités de pétrole disponibles sur le marché afin de freiner l'envolée des cours du brut. La décision de l'Opep intervient au moment où le ministre vénézuélien de l´Energie, Rafael Ramirez, a prévenu les Etats-Unis que son pays ne leur vendrait "plus un seul baril" de pétrole s´ils s´en prenaient à nouveau au gouvernement du président Hugo Chavez."La distorsion pour le pétrole sera gigantesque si le Venezuela fait l´objet d´une nouvelle attaque contre sa démocratie et contre le président Chavez", a déclaré le ministre qui participait à la réunion de l´Opep. Certains analystes et délégués présents à Ispahan (Iran), soulignent que les Etats-Unis ont accru leurs pressions sur le cartel dans les jours qui ont précédé la réunion pour obtenir une baisse des cours. Plusieurs ministres présents ont reconnu avoir été contactés. Le plafond actuel de l´Organisation des pays exportateurs de pétrole est de 27 millions de barils par jour (mbj), mais sa production réelle est estimée à 27,7 mbj. La plupart des ministres estiment que le marché est actuellement suffisamment approvisionné, voire trop malgré des cours qui évoluent toujours à plus de 54 dollars le baril à New York. Dans une déclaration, faite jeudi dernier à Oran, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a affirmé que «l'Opep a atteint ses limites de production» en se sens qu'elle n'a plus les moyens d'aller au delà de l'actuelle capacité de production. «Le ralentissement de l'actuelle flambée des prix est inhérent à la forte croissance», a estimé le ministre de l'Energie et des Mines. En d'autres termes, une hausse du plafond ne se traduira pas forcément par des barils supplémentaires sur le marché. Pour les analystes, ce geste de bonne volonté de l'Opep, mené par l'Arabie Saoudite, n'a qu'un effet «psychologique» car, ils évaluent à plus de 2 millions de barils par jour les dépassements actuels de quotas de production des pays membres et ce, depuis longtemps. D'ailleurs, l'annonce de l'Opep n'a pas eu l'effet escompté. Les marchés sont demeurés prudents et les cours n'ont que très peu varié. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de brut pour livraison rapprochée en avril a terminé à 55,05 dollars, après être monté jusqu´à 55,45 dollars en séance. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a terminé sur un gain de 19 cents à 53,85 dollars, après avoir touché la barre des 54 dollars. Pour rappel, le record historique a été atteint le 25 octobre 2004 en séance à 55,67 dollars.