Règle n Tout voleur pris en flagrant délit sera enfermé dans un sac, puis précipité dans la mer. Telle est la sanction : lbh?ar wa chekkara (le sac et la mer) ! Qui ne connaît l?expression «lbh?ar wa chekkara» ? On la lance souvent pour dire «tant pis !», pour se désintéresser aussi du sort de quelqu?un ou de quelque chose. Cette expression a, comme toutes les expressions, une histoire et cette histoire peut varier d?une région d?Algérie à une autre. Celle que nous allons rapporter à été recueillie au M?zab, dans le Sahara central algérien. On raconte qu?autrefois, il y a de cela très longtemps, un roi puissant régnait sur une ville. Tous ses sujets lui devaient obéissance et il châtiait tous ceux qui enfreignaient les lois qu?il avait établies. Il imposait aussi à ses sujets des impôts très lourds, de sorte que beaucoup de gens sont tenus de vendre les quelques biens qu?ils possèdent pour s?en acquitter. Le nombre de pauvres augmente donc, ainsi que celui des délinquants. Beaucoup doivent, en effet, voler pour vivre. Les voleurs deviennent si nombreux dans la ville et l?insécurité si grande que les notables, mandatés par les habitants, viennent se plaindre au roi. «Majesté, nous ne pouvons plus sortir sans risque de nous voir dépouillés par un de ces malfrats qui écument la ville !» Le roi promet d?agir. Mais les soldats ont beau surveiller les rues, les voleurs continuent à sévir. Quant à ceux qui sont pris, aussitôt remis en liberté, ils recommencent ! «Majesté, se plaignent encore les notables, l?insécurité règne toujours dans la ville ! Les mesures prises sont insuffisantes ! ? Je doublerai les effectifs de surveillance, promet le roi. ? Sire, disent les notables, il faudra des sanctions exemplaires. Si les voleurs savent qu?ils encourent de grands risques en se faisant prendre, ils réfléchiront à deux fois avant de commettre des délits !» Le roi acquiesce. Sans tarder, il fait promulguer un édit informant la population qu?à compter de ce jour, tout voleur pris en flagrant délit sera arrêté, enfermé dans un sac et jeté à la mer. Le lendemain même, un homme est surpris en train de voler au souk. On l?arrête aussitôt et on le conduit en prison. Le roi, informé, intime l?ordre d?appliquer immédiatement la peine. «Mettez-le dans un sac et convoquez toute la population.» On emmène l?homme au bord de la mer et on fait venir la population. On enferme l?homme dans un sac puis on le précipite dans la mer. «C?est ainsi que seront traités désormais les voleurs ! Que les délinquants soient avertis : il n?y aura pas de pitié !» Les voleurs, présents dans la foule, savent maintenant comment ils seront traités s?ils sont pris. Beaucoup vont s?amender, mais quelques-uns, soit par nécessité, soit par vice, vont continuer à exercer leur ancien métier. Le roi est cependant satisfait. Le nombre de voleurs dans la ville a considérablement diminué. Cela signifie que la mesure qu?il a prise est dissuasive. En tout cas, il continuera à l?appliquer : tout voleur pris en flagrant délit sera enfermé dans un sac, puis précipité dans la mer. Telle est la sanction : lbh?ar wa chekkara, le sac et la mer ! (à suivre...)