Quand tout va mal et qu'on refuse de prendre parti ou de s'engager, on dit : lbh'ar wechekara (la mer et le sac !). Autrement dit : au diable ! L'expression est employée partout en Algérie, dans ce sens. Elle est l'expression non seulement du refus de prendre position, mais aussi du désintérêt à l'égard des autres, voire de la société et de ses problèmes. A l'origine de cette expression curieuse, il y a une histoire, une légende que l'on retrouve également partout, avec de légères variantes. On raconte qu'il y avait autrefois un roi qui punissait les voleurs en les enfermant dans un sac et en les jetant à la mer. C'est ainsi qu'un voleur notoire fut pris. On le mit dans un sac et on le plaça sur un quai, en attendant l'application de la peine. Entendant un bruit de pas, le voleur se mit à geindre : «Non, non, je ne veux pas devenir vizir !» Une personne s'approcha de lui et lui demanda ce qui se passait : «Le roi veut m'obliger à lui servir de vizir et moi je refuse !» L'homme s'exclama alors : «Moi, ça m'intéresse de devenir vizir ! ? Alors, prends ma place», dit le voleur. L'homme le libéra et voulut entrer dans le sac : «Minute, dit le voleur, tu dois me payer pour le service que je te rends !» L'homme lui donna des pièces d?or et se fit enfermer. Les soldats du roi vinrent et le jetèrent à la mer. Un peu plus tard, dans la ville, on s'étonna de voir le voleur revenir : «La mer où j'ai été jeté, leur dit-il, est pleine de pièces d'or. J'en ai rempli mon sac et je suis remonté !» Chacun voulut alors remplir un sac de pièces d?or? Tout le monde, y compris le roi, se fit enfermer dans un sac et jeter à la mer. Et à chaque victime, le voleur, vengé, criait : «Lbh'ar wechekara !» Bon débarras ! Au diable !