Le crooner cubain, Ibrahim Ferrer, décédé samedi à l'âge de 78 ans, a connu une deuxième carrière et une célébrité mondiale après sa retraite grâce à l'album et au film Buena Vista Social Club. Ce grand-père au regard doux, qui cirait les chaussures dans les rues de La Havane il n'y a encore pas si longtemps, jouissait depuis peu d'une notoriété internationale. Le film Buena Vista Social Club du cinéaste allemand Wim Wenders, sorti en 1997, deux ans après l'album du même nom enregistré avec le guitariste américain Ry Cooder, l'avait mis en pleine lumière aux côtés de ses camarades Compay Segundo, décédé en juillet 2003, Ruben Gonzalez, mort en décembre 2003, Eliades Ochoa et Omara Portuondo. Ibrahim Ferrer a fait craquer le Carnegie Hall de New York, le Royal Albert Hall de Londres, Paris, Sydney et Tokyo. Mais en dépit de cette soudaine célébrité, celui que l'on surnommait le Nat King Cole cubain avait su garder candeur et timidité face à l'ampleur du phénomène. Avec sa casquette éternellement vissée sur la tête et sa fine moustache blanche, il fut l'un des «papys» du «son» et du «mozambiquè». Sa voix au léger vibrato, douce, posée, convenait à merveille aux boléros qu'il affectionnait particulièrement. Né en 1927 à San Luis, près de Santiago, Ibrahim Ferrer est orphelin dès 12 ans, ce qui le contraint à exercer d'innombrables petits boulots : vendeur de journaux, de gâteaux? Il cueille également du café, charge des sacs de sucre et travaille sur les chantiers navals. Il aura fait tous les métiers ou presque.