Démarche n Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, réussira-t-il là où la plupart de ces prédécesseurs ont échoué : redresser le football, et pourquoi pas le dompter ? Le premier responsable du secteur, avec son caractère intempestif et ses méthodes expéditives, semble partir en guerre contre la gestion et le milieu actuels du football. Depuis son arrivée dans les bureaux de la place de la Concorde civile, M. Guidoum ne rate pas la moindre occasion, lors de ses sorties médiatiques ou en privé, de tirer sur les gestionnaires de la balle ronde et en annonçant une série de mesures allant, selon son département, dans le sens d?une reprise en main (de fer) de la chose footballistique. Ce qui a poussé certains à lui attribuer l?étiquette de «ministre du football», sachant que tous ceux, avant lui, qui se sont attaqués de front à ce milieu n?ont pas fait long feu. Aux dernières nouvelles, le ministre n?aurait pas apprécié la fin de non-recevoir qu?aurait donnée la FAF aux instructions du MJS concernant les licences des athlètes qui devront être déposées au niveau des Directions de la jeunesse, des sports et des loisirs (DJSL) de chaque wilaya. Ces dernières ont instruit à leur tour les ligues régionales de recourir aux bonnes vieilles méthodes des licences cartonnées, au moment même où les deux instances du football (FAF et LNF) tentent, tant bien que mal, de réformer le système de licence en optant pour son informatisation et sa mise en conformité avec les nouvelles directives de la Fifa. Le MJS est même allé jusqu?à proposer un modèle de licence différent de celui adopté par la LNF, est-ce une maladresse de sa part puisqu?il s?agit d?un envoi pour toutes les disciplines sportives ou bien une manière délibérée de reprendre indirectement en main la discipline. Pour l?instant, on ne sait pas quelle suite sera donnée à cette histoire de licence. La LNF, elle, poursuit son travail d?étudier les dossiers de licences déposés à son niveau par les clubs dans la perspective d?établir les nouveaux documents, selon les contrats-FAF adoptés dernièrement qui permettront aux joueurs de prendre part aux championnats de Nationale I et de Division II.Du côté de la FAF, on n?apprécie pas trop la manière de faire de M. Guidoum qu?on qualifie plus d?interventionnisme que d?une collaboration intelligente et efficace. On prête même aux conseillers du ministre des intentions de «placer» un nouveau locataire à Dely Ibrahim à la place de Raouraoua dès l?automne prochain avec la tenue de l?assemblée générale élective du bureau fédéral. Le nom de Réda Abdouche, comme futur candidat à la FAF, a même circulé dans les coulisses feutrées du MJS. Par ailleurs, l?attitude jugée provocatrice du MJS à l?égard de l?actuel président de la FAF vise à faire sortir ce dernier de ces gonds ou bien de conforter son désir de partir. L?affaire de l?USM Annaba, l?histoire du sélectionneur étranger que les pouvoirs publics voudraient mettre à la tête de l?équipe nationale A ou bien l?idée émise tout dernièrement par M. Guidoum de monter une sélection nationale de jeunes au niveau du lycée sportif de Draria ne sont que des signes qui ne trompent pas, dit-on. Fort du soutien des ligues et des clubs, mais aussi des différentes instances internationales dans lesquelles il s?est investi depuis le début de son mandat, en 2001 et surtout de la Fifa dont les textes interdisent toute ingérence des pouvoirs publics dans les affaires des fédérations, Raouraoua ne veut aucunement abdiquer. Pour l?instant, il se contente de ne pas répondre aux «provocations» affichant même une sérénité vis-à-vis des pouvoirs publics, comme il l?a si bien souligné lors de la conférence de presse du 14 juillet dernier à l?hôtel Sheraton-Club-des-Pins où il a signifié que ces derniers (les pouvoirs publics) étaient sensibilisés des problèmes du football et qu?ils sont toujours engagés à l?aider. Un discours qui tranche avec les déclarations de Raouraoua, il y a quelques mois seulement et qui en dit long sur la stratégie qu?il a adoptée, et donc sur ses intentions.