Le gouvernement a décidé de régler, une fois pour toutes, l?affaire dite «écoles privées». Date limite : la rentrée scolaire prévue en septembre prochain. Première exigence : «l?officialisation» de la langue arabe comme première langue d?enseignement dans le secteur privé. Cet ultimatum a été lancé hier par le Conseil de gouvernement à l?adresse de quelque 380 écoles privées réparties essentiellement dans les grandes villes du pays, non sans le risque de prendre en otage pas moins de 80 000 enfants dont on ne sait de quoi sera fait leur avenir si jamais les établissements sont forcés de mettre la clé sous le paillasson. Car il est clair que si jamais les recommandations prévues dans le cahier des charges ne sont pas respectées, on ira jusqu?à fermer les établissements réfractaires et traîner les propriétaires devant les tribunaux. Le communiqué gouvernemental évoque «des sanctions encourues en cas d?inobservation des conditions dictées cumulant la fermeture de l'établissement par l'autorité concernée et des sanctions pénales prononcées par les tribunaux». Pour éviter tout cela, les établissements sont notamment tenus d'appliquer les programmes officiels d'enseignement du ministère de l'Education nationale et de dispenser également leur enseignement en langue arabe, et ce, dès la rentrée prochaine 2005/2006. «Elaboré conformément aux orientations du Conseil des ministres du 26 juin 2005, le projet d?ordonnance fixant les règles générales relatives à l?enseignement a pour objet de fixer les conditions auxquelles doivent souscrire les établissements d'enseignement privés pour pouvoir exercer des tâches d'éducation.» En avril dernier, Abdelaziz Bouteflika avait dressé un brûlant réquisitoire contre les établissements qui refusaient de prendre l?arabe comme outil de travail. «Nous avons perdu la langue arabe pendant 132 ans et avons consenti beaucoup de sacrifices pour la récupérer. Aujourd?hui, il est tout à fait clair que je n?ai pas l?intention de jouer avec ça !», a-t-il lancé en direction de quelques privés qui allient «mercantilisme» et «errements francisants» et d?exhorter le département de Benbouzid à dresser un cahier des charges contraignant qui éviterait d?éventuelles dérives. «Il est inconcevable que des enfants de cinq et six ans ne parlent pas l?arabe», s?est indigné le président de la République, un jour lors d?une réunion des ministres africains de l?Education, dans ce qui était considéré comme une mise en garde à prendre très au sérieux.