Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, semble déterminé à en finir avec le laxisme qui régnait dans son secteur. Il veut tirer, coûte que coûte, le taux de réussite au baccalauréat vers le haut. Les résultats « désastreux » enregistrés au bac 2005, en pleine opération de réforme du système éducatif national, ont inquiété visiblement le département de Boubekeur Benbouzid. La tutelle a décidé de prendre le taureau par les cornes en annonçant des mesures rigoureuses contre les directeurs de lycée dont les établissements réaliseront les plus mauvais résultats. Désormais, les directeurs des lycées qui réaliseront moins de 15% de réussite au bac pendant trois ans d'affilée seront démis de leurs fonctions », a déclaré, hier, M. Benbouzid à l'ouverture de la conférence nationale des directeurs de l'éducation des 48 wilayas, tenue au siège du ministère, à Alger. Les sanctions sont déjà tombées. Pour la rentrée scolaire prochaine, dont la date est fixée au 10 septembre pour le Nord et au 17 septembre pour le Sud, 14 directeurs de lycée ne rejoindront plus leur poste de travail. « Celui qui veut faire des affaires qu'il parte ailleurs. Il n'y a pas d'affaires dans le secteur de l'éducation. Il faut un minimum de professionnalisme », a-t-il affirmé. Pour lui, il n'est pas possible d'incomber toute la responsabilité de l'échec aux élèves. Le ministre a élevé la voix également contre « le gonflage des notes d'examens scolaires ». « Quand on constate que l'écart entre les résultats annuels des élèves et leurs prestations au bac et au BEF, on comprend parfaitement où se situe le malaise. Il faut évaluer les élèves objectivement et fournir plus d'efforts pour améliorer les résultats », a lancé le ministre. Le cas échéant, Boubekeur Benbouzid menace d'organiser un examen national à chaque trimestre. « S'il n'y a pas de sérieux, je serai obligé d'organiser un examen national à chaque trimestre », a-t-il mis en garde. Le premier responsable de l'éducation a tranché également la question du passage d'un palier à un autre. Selon lui, pas de rachat aux examens et pas de passage avec des moyennes inférieures à 10/20. L'autre nouveauté apportée cette année est l'unification de l'examen de 6e. « A partir de cette année, l'examen de 6e sera national », a-t-il précisé. Dans le même contexte, le ministre est revenu sur l'organisation de la deuxième session de la 6e année. Une session dont la date a été fixée au 20 septembre. Le nombre d'élèves concernés s'élève, selon le ministre, à 226 334, soit 28,23%, dont 566 695 au Nord et 168 684 au sud du pays. Cette épreuve sera organisée désormais en deux sessions. « Les contractuels seront payés mensuellement » Ignorant les contestations des syndicats autonomes, le ministre a préféré tranquilliser les enseignants vacataires. Les 6000 nouveaux postes budgétaires prévus cette année, a-t-il indiqué, seront consacrés aux contractuels. Ces derniers, chacun dans sa wilaya, seront confirmés dans leur poste. Mais, dira le ministre, les vacataires existeront toujours. « Nous ne pouvons pas nous mentir. Les vacataires existeront toujours ; toutefois, ils seront payés mensuellement », a-t-il renchéri. Tout en affirmant la bonne préparation de la prochaine rentrée scolaire et la détermination du gouvernement à poursuivre la 3e année de réforme, le ministre s'est attardé sur le problème du livre scolaire. La location des manuels scolaires sera gelée et l'Etat prendra à son compte sa distribution. « Nous n'avons pas pu gérer la location du livre scolaire. 70% de l'argent appartenant à l'Etat suite à cette opération n'ont pas été touchés jusqu'à ce jour », a-t-il souligné. Pour cette année, le ministre évoque la confection de 42 millions de livre, soit 90% des besoins. Parmi ces manuels, se trouvent 34 nouveaux livres pour les cycles qui seront touchés par la réforme, à savoir la 3e année de chaque palier. L'année scolaire en cours connaîtra également d'autres réformes, tels le renforcement de l'enseignement de la langue arabe, à travers l'augmentation du volume horaire, la revalorisation de son coefficient et la création d'une inspection spéciale pour cette langue. La langue amazighe sera également renforcée par l'ouverture de 168 nouveaux postes budgétaires, son introduction dans l'enseignement à partir de la 4e année primaire et le renforcement des moyens de son développement. L'informatique, Internet et la formation occupent également une place privilégiée dans le programme tracé par la tutelle. Le ministre parle de dotation de tous les établissements de l'utile informatique et l'obligation de l'enseignement de cette matière à tous les niveaux. La création du bac langues étrangères, philosophie et mathématique figure aussi parmi les nouveautés de la réforme. Revenant sur la problématique des écoles privées, M. Benbouzid a insisté sur la nécessité pour les écoles agréées d'enseigner en langue arabe. Pour cette rentrée il y a, selon lui, 54 nouvelles écoles dont 38 ont été ouvertes à Alger. S'agissant des logements de fonction occupés par les retraités de l'éducation, M. Benbouzid dira qu'ils seront libérés cette année et que c'est la justice qui doit trancher.