Résumé de la 6e partie Ali apprend à Yamina que son fils est mort, seul, dans la neige. Elle ne dit pas un mot, ne verse pas une larme et s?isole derrière la maison. Ali et quelques hommes reviennent sur leurs pas et accourent derrière la maison. Yamina est allongée de tout son long contre le mur de terre, sur le sol, au milieu des rigoles ruisselantes. «Laissez-moi, hurle-t-elle, si l?un de vous m?approche, je me tue !» Et elle tire de son corsage un petit couteau pointu à la lame aiguisée. «Je vais me coucher ici et mourir comme est mort Hocine. Surtout laissez-moi !» On la raisonne, on la supplie, en vain. Le forgeron va ramener le taleb de la mosquée, un vieillard que tous respectent. Il lui parle de Dieu, de son âme, de l?enfer qui l?attend si elle attente à ses jours. En vain? Alors, en désespoir de cause, on l?abandonne à son sort. Yamina reste trois jours et trois nuits couchée sur le sol, sans bouger. Le jour, les gens viennent la voir puis repartent, respectant sa volonté. Le troisième jour, l?imam revient et ordonne qu?on la retire de la boue et qu?on la rentre chez elle. Elle reste presqu?une semaine entière sans connaissance, entre la vie et la mort. Les femmes se relayent pour entretenir le feu près de sa couche. Puis, un matin, elle se réveille. Des escarres violettes sont visibles sur un côté de son visage et une partie de son corps. On accourt. On lui fait ingurgiter un peu d?huile d?olive et elle renaît à la vie, doucement. Quand enfin elle réussit à parler, elle dit : «Mes s?urs, j?ai vu l?au-delà ! J?ai vu les anges et le paradis, et j?ai vu torturer ceux qui sont voués à l?enfer ! Priez chaque jour, et faites-le bien ! C?est notre seule voie de salut !» Là-dessus, elle se tait. Pour toujours. Yamina vivra encore de longues années, muette. Tous les jours, après avoir vaqué à ses occupations, elle s?installe, par tous les temps, été comme hiver, sur le seuil de sa porte, scrutant le chemin du village, guettant la frêle silhouette perdue dans le grand manteau du vieux, le chèche blanc entourant le visage aimé.