Résumé de la 2e partie n Face à sa feuille, Grégoire ne sait plus s?il doit écrire à ses enfants ou pas. Ils sont très pris? Il plonge dans ses souvenirs lointains. Mais une visite des enfants ferait grand plaisir à Marie, même si elle ne durait que quelques minutes? Et puis Grégoire n?écrit plus. La vie, dans la vieille maison des Cévennes, s?est réduite à un regard qui en surveille un autre. Grégoire et Marie vivent les yeux dans les yeux, préoccupés de leur détresse, accrochés à de minuscules espoirs, peureux du moindre souffle, sursautant au moindre silence. Grégoire ne sent pas les forces le quitter. Il est trop occupé à rassembler celles de Marie. Batailles vaines, faites d?attaques et de déroute, de répit, d?armistice? Les jours sont trop longs ou trop courts, les nuits terrifiantes, les matins sans espoir. Le vent du printemps secoue les hirondelles, celui d?été n?apporte guère de nouvelles. Les enfants vont venir, peut-être. Ils l?ont dit, mais ne l?ont pas redit. Grégoire écrit sa dernière lettre. A la lumière de l?ampoule alors qu?il fait encore jour. «Ne vous dérangez pas. Nous sommes trop fatigués. Vous recevoir serait une fatigue de plus. Maman a besoin de repos et votre vieux père aussi. L?année prochaine tout ira mieux. Amusez-vous, l?été sera beau.» L?été fut beau et l?automne flamboyant. La bruyère était en avance. La petite maison de Grégoire et Marie, couleur des monts, couleur des pierres, à la sortie du village, résiste sagement aux premiers frimas. Elle en a vu d?autres? L?escalier de pierre qui monte au grenier a gardé sa mousse, les ardoises ont des douceurs grises, les volets clos s?endorment. Le village a murmuré sous le malheur, puis s?est tu. Dans la page locale du journal des Cévennes, quatre lignes indécentes : «Un agriculteur à la retraite, M. Grégoire X., soixante-seize ans, a tué, hier, d?un coup de fusil de chasse son épouse, Marie X., soixante-treize ans, infirme depuis plusieurs années. Il s?est ensuite donné la mort. Ce drame de l?euthanasie a endeuillé le petit hameau de Z?» Les vraies racines sont mortes. Nous n?avons pas le courage de les préserver. Nous les oublions en voulant les retrouver. Elles, pendant ce temps, savent retourner à la terre, sans nous?