Histoire n C'est seulement au début des années quatre-vingt que le raï va véritablement être catapulté au rang de musique nationale avec l'arrivée de nouveaux chanteurs, les «chebs». Cheb signifie «jeune homme». Avant, le raï était chanté essentiellement dans les souks, les mariages et les circoncisions. Vers les années cinquante, avec la chanteuse Remitti, cette musique commence à rassembler quelques chanteurs pour finir par s'étendre à toute l'Algérie après l'indépendance. Le régime algérien réprouve cette nouvelle musique ainsi que les chebs qui y mélangent instruments traditionnels, synthétiseurs, batterie électronique et basse, remettant au goût du jour de vieilles mélodies. Les figures emblématiques de cette nouvelle génération sont Khaled le «roi» et chef de file, Mami le «dauphin», Chaba Zahouania à la voix blues, ou Raïna Raï, groupe au son très Dire Straits. Ce type musical rencontre un tel succès que le premier festival de raï a lieu à Oran en 1985. C'est à cette époque que, face à un tel engouement, le pouvoir algérien «nationalise» le raï. L?année suivante, il arrive en France. Peu de gens achètent des disques de raï. C'est Cheb Mami qui va ouvrir les portes des distributeurs en lançant un album. En 1990, l?enfant de Saïda, le premier chanteur raï à s'être produit aux Etats-Unis, sort l'album Let me raï enregistré à Los Angeles. Son impact est tel parmi le public qu'il sera même repris par Haïm Moshé, chanteur populaire israélien. Les titres raï sont de plus en plus travaillés et arrangés en studio, gagnant ainsi en qualité musicale et sonore. On est loin des cassettes enregistrées à Barbès ! Au début de la décennie noire, Khaled explose le Top 50 avec Didi, arrangé par Don Was, alors que Cheb Hasni devient le leader du mouvement «raï love». En 1996, celui qu?on appelle désormais «King Khaled» remet ça avec Aïcha, écrit par Jean-Jacques Goldman et interprété en français. Rachid Taha, de son côté, sort Ya Rayah (album Diwan) un mélange rock techno oriental. Un jeune garçon de vingt ans fait son apparition en enregistrant l'album Baïda. Le premier single à tourner sur les ondes est Tellement n'bghik qu?il va littéralement pulvériser le classement des meilleures ventes. Ce jeune garçon, que l'on va surnommer «le petit prince du raï» s'appelle Faudel. En 1998, Un, deux, trois? Soleil fait son apparition à la demande d'Universal, qui met ainsi en scène ses trois vedettes : Khaled, Rachid Taha et Faudel. Le 26 septembre, 17 000 spectateurs viennent à Bercy pour les écouter, accompagnés d'une formation égyptienne sous la direction de Steve Hillage et d'un orchestre occidental. Des milliers de personnes restent sur les marches de l'entrée faute de place ! Un CD et une vidéo du spectacle sortent deux mois plus tard. L'album est vendu à plus de 300 000 exemplaires et devient disque de platine.