Vendredi soir, Cheikh Naâm a reçu une standing ovation exceptionnelle de la part d'un public venu spécialement l'admirer après une décennie d'éclipse. Visiblement ému par l'accueil du public, l'artiste qui ne s'est pas produit sur scène à Sidi Bel Abbès depuis plus de huit ans a spontanément lancé : « Pour vous, rien que pour vous ! » Au verbe acidulé, Cheikh Naâm est incontestablement une légende vivante de la musique raï avec ses innombrables chansons à texte. Grand admirateur de Cheikh M'hamed El Anka et Khelifi Ahmed, Naâm sera le premier à constituer (1972) un groupe de musique chaâbie, la troupe El Warchen, dans la ville qui allait devenir quelques années plus tard le berceau du raï pop. Avec ses 109 albums dont certains ont été « censurés », Naâm demeure cet artiste engagé dont les textes, repris par de nombreux raïmans, ont fait le tour du monde. A l'instar de Zergui, il est resté confiné dans sa ville natale où il a vu le jour le 16 juillet 1957, au 9, rue de l'Abattoir. Avant lui, Cheb Boukhana, cousin de Cheb Faudel, devait se ranger dans un style propre à Cheb Abdou, mais avec une voix moins imposante que celle de ce dernier. Il s'est essayé, en effet, au style meddahates, en interprétant, entre autres, Rah y Vibré (ça vibre !) et Chedi alya Talbek, un titre qui fait fureur actuellement dans les cérémonies de mariage, selon les adeptes du genre. Assurément, le genre medahattes, délaissé par les chanteurs raï ces dernières années, est remis au goût du jour, grâce notamment à Cheb Abdou. Mais c'est avec Akil que les choses « sérieuses » commencent. Pour sa participation au festival du raï, Cheb Akil a, d'emblée, secoué les gradins avec Avis de Recherche, Khali takhli (laisse les choses s'empirer) et Tahsdou Oula Tghiro (vous allez m'envier ou être jaloux ?) et enfin Ana malade mental (je suis un aliéné), avant de céder le micro à Cheb Miloud, accueilli avec froideur par le public. Et ce n'est certainement pas un hasard quand il amorce son récital par Ham Ebeki ou Ham Eddahek (ces soucis qui font rire / ces soucis qui font pleurer). Résidant en France, à Marseille, depuis plus de vingt ans, Cheb Miloud est pourtant un habitué du festival de raï, qui se tenait à Oran, avec pas moins de six participations. Face à un public réclamant avec insistance Khalas et Naâm, Cheb Miloud répond par Ma Tzidich Rani Mdemer (n'en rajoute pas, je suis découragé), enchaînant avec Chaba ou Taref Taiche (belle et elle sait vivre), pour conclure avec Daretni passe temps (elle me considère comme un passe-temps). Miloud le marseillais, comme se plaît à l'appeler son accompagnateur, se produira le 23 août prochain à Oran où devrait se tenir une série de concerts dans le cadre de la manifestation Layali El Bahia. Il sera également en tournée en Algérie à partir d'octobre prochain. Dans les coulisses, Cheb Khalas, natif de Constantine, s'impatientait. Ces récentes prestations musicales, notamment au festival de Timgad, semblent l'avoir précédé à Sidi Bel Abbès. Le public est resté jusqu'à une heure tardive pour avoir droit à un raï festif, un raï d'ambiance. Mais contre toute attente, Khalas a surpris tout son monde lorsqu'il a rendu hommage à Cheb Hasni en interprétant deux de ses plus belles mélodies, Tal ghiabek Ya Ghzali et Espoir. L'hommage rendu à Hasni était à la mesure de cet artiste au savoir-faire reconnu et indélébile.