Métier n Autrefois fort répandu, le tissage artisanal est de moins en moins pratiqué, et les échoppes des tisserands ferment les unes après les autres à Béchar, une oasis du Sud-Ouest, même si ces artisans existent toujours. Cependant, le métier de tisserand n?a pas entièrement disparu, et dans quelques boutiques résonne encore le bruit saccadé des métiers à tisser. La fermeture des échoppes de tisserands est due, en fait, à la production industrielle de tapis moins coûteux, qui a fortement concurrencé cette production artisanale. Les ateliers des tisserands, qui sont aussi des points de vente des produits du tissage, ne sont souvent que de simples garages où est monté le métier à tisser en bois, avec des plateaux de pédaliers de bicyclette comme engrenage, des cordes et des pédales en bois qui servent à croiser le fils de la chaîne ou à passer les navettes à l?intérieur desquels est bobiné le fil de trame. «Le travail est fatigant et demande une grande endurance physique», comme l?indique Kadar, tisserand installé dans un quartier populaire de Béchar. Les femmes du voisinage lui apportent la laine qu?elles ont filée et qu?il tisse à la demande du client, et il faut parfois attendre des jours, voire des semaines pour que l?ouvrage soit terminé, alors que dans la boutique s?entassent pêle-mêle des sacs en plastique contenant les ballots de laine qui lui ont été confiés. Avant de procéder au tissage, le tisserand doit garnir les navettes à l?aide d?une espèce de rouet fait d?une jante de bicyclette qui, à l?aide d?une courroie, entraîne un fuseau qui tourne à grande vitesse et sur lequel est enroulé le fil. «C?est la partie la plus difficile du travail, car le tisserand travaille dans la poussière», indique Zoulikha, qui passe ses journées à tourner le rouet et à bobiner pelote après pelote, passant du rouet au métier à tisser. Mais malgré les nuisances et les risques qu'ils encourent, de nombreux artisans continuent d?exercer leur métier, au grand bonheur des ménagères du quartier.