La selle, la kachabia, le tapis, mobilier primordial des foyers, confectionnés par des maîtres tisserands, appelés autrefois reggams et qui étaient la fierté des Tébessis, sont menacés de disparaître de la scène artisanale. Un salon artisanal a été organisé récemment par la direction des PME et PMI de la wilaya de Tébessa, dans le cadre de la promotion des produits artisanaux spécifiques à cette région. Les journées réservées à cet événement artisanal ont connu une forte présence de la part des jeunes artisans locaux et des wilayas limitrophes. C'était une opportunité aux amateur de l'artisanat pour faire connaître leur savoir-faire, d'une part, et attirer l'intention des responsables concernés, d'autre part, afin de leur faciliter l'octroi des fonds de financement dans la cadre des micro- entreprises pour jeunes. Mais le comble, c'est que, en réalité, certains produits artisanaux ont disparu de la scène artisanale tel que la kachabias et la selle. En effet, les participants et les visiteurs ont constaté la disparition de ces deux produits spécifiques à la région et qui ont connu une régression et un désintéressement de la par de tout le monde. Les maîtres selliers et leurs bêtes ont disparu de la scène authentique et de la vie quotidienne des Tébessis. Et les maîtres tisserands, autrefois populaires, on les voit plus qu'en nombre très restreint. Une autre activité artisanale, enterrée déjà, c'est celle des produits à base d'alfa. Cette plante, originaire de Tébessa et qui n'avait pas de secret, était un produit naturel dont les usages variés ont été presque oubliés. Elle servait à fabriquer des lits, des commodes, des sommiers, des chaises, des espadrilles et des chapeaux et, après transformation, on l'utilisait dans la fabrication des vêtements d'antan. Aussi, les familles tébessies l'utilisait autrefois pour la confection du fameux kaskas (tamis), pour la préparation du plat national algérien, le couscous. Il revient à tous les responsables concernés de se pencher sur les originalités artisanales de la région de Tébessa, afin de réhabiliter ce patrimoine traditionnel qui risque de tomber profondément dans les oubliettes et qui était, sans équivoque, celui des Nemmamchas. Jadis, dans la plupart des souks de la région, les Tébessis arrivaient rapidement à identifier les pièces d'un seul regard. Actuellement, et malgré la réputation de la région de Tébessa, étant une zone agropastorale disposant d'un cheptel ovin de renommée mondiale, le travail de la laine ne se fait plus ni à domicile ni ailleurs. Il est à signaler aussi que d'autres facteurs inhibiteurs de l'activité artisanale locale ont contribué de façon néfaste à la disparition des produits originaires et authentiques de Tébessa, à savoir le vieillissement des maîtres tisserands dont la relève n'a pas été assurée puisque les Tébessis sont attirés par d'autres activités rémunératrices, tel le commerce de la friperie qui a effacé complètement la filière des vêtements artisanales qui a connu des difficultés dans leur commercialisation dues au manque de promotion et d'encouragement. Concernant la confection du cuir, à savoir le croupon, la vachette, le chevreau et la basane, la ville de Tébessa disposait de plusieurs tanneries qui ont, malheureusement, disparu ! Hafid Maâlem