Résumé de la 36e partie n Se réveillant d'un long sommeil, Sindbad fut heureux de se retrouver entouré, sur son radeau, par des hommes noirs. Sindbad reprit : «En ce moment, je me sentis si transporté de joie que je ne savais si je devais me croire éveillé. Etant persuadé que je ne dormais pas, je m'écriai et récitai ces vers arabes : "Invoque la Toute-Puissance, elle viendra à ton secours. Il n'est pas besoin que tu t'embarrasses d'autre chose. Ferme l'?il, et, pendant que tu dormiras, Dieu changera ta fortune de mal en bien." «Un des Noirs, qui entendait l'arabe, m'ayant ouï parler ainsi, s'avança et prit la parole : "Mon frère, me dit-il, ne soyez pas surpris de nous voir. Nous habitons la campagne que vous voyez, et nous sommes venus arroser aujourd'hui nos champs de l'eau de ce fleuve qui sort de la montagne voisine, en la détournant par de petits canaux. Nous avons remarqué que l'eau emportait quelque chose ; nous sommes vite accourus pour voir ce que c'était, et nous avons trouvé que c'était ce radeau ; aussitôt l'un de nous s'est jeté à la nage et l'a amené. Nous l'avons arrêté et attaché comme vous le voyez, et nous attendions que vous vous éveillassiez. Nous vous supplions de nous raconter votre histoire, qui doit être fort extraordinaire. Dites-nous comment vous vous êtes hasardé sur cette eau, et d'où vous venez." «Je leur répondis qu'ils me donnassent premièrement à manger, et qu'après cela je satisferais leur curiosité. Ils me présentèrent plusieurs sortes de mets et, quand j'eus contenté ma faim, je leur fis un rapport fidèle de tout ce qui m'était arrivé, ce qu'ils parurent écouter avec admiration. Sitôt que j'eus fini mon discours : "Voilà, me dirent-ils par la bouche de l'interprète qui leur avait expliqué ce que je venais de dire, voilà une histoire des plus surprenantes ! Il faut que vous veniez en informer le roi vous-même. La chose est trop extraordinaire pour lui être rapportée par un autre que par celui à qui elle est arrivée." «Je leur répartis que j'étais prêt à faire ce qu'ils voudraient. Les Noirs envoyèrent aussitôt chercher un cheval que l'on amena peu de temps après. Ils me firent monter dessus et, pendant qu'une partie marcha devant moi pour me montrer le chemin, les autres, qui étaient les plus robustes, chargèrent sur leurs épaules le radeau tel qu'il était avec les ballots et commencèrent à me suivre.» (à suivre...)