Résumé de la 35e partie n Les matelots moururent les uns après les autres. Seul survivant, Sindbad préparait sa propre mort et creusait sa tombe en se lamentant sur son sort. Et Sindbad continue son récit : «Mais Dieu eut encore pitié de moi et m'inspira la pensée d'aller jusqu'à la rivière qui se perdait sous la voûte de la grotte. Là, après avoir examiné la rivière avec beaucoup d'attention, je me dis en moi-même : "Cette rivière, qui se cache ainsi sous la terre, en doit sortir par quelque endroit. En construisant un radeau et en m'abandonnant dessus au gré de l'eau, j'arriverai à une terre habitée ou je périrai : si je péris, je n'aurai fait que changer de genre de mort ; si je sors au contraire de ce lieu fatal, non seulement j'éviterai la triste destinée de mes camarades, je trouverai peut-être une nouvelle occasion de m'enrichir. Que sait-on si la fortune ne m'attend pas au sortir de cet affreux écueil pour me dédommager de mon naufrage avec usure ?" «Je n'hésitai pas de travailler au radeau après ce raisonnement ; je le fis de bonnes pièces de bois et de gros câbles, car j'en avais à choisir ; je les liai ensemble si fortement que j'en fis un petit bâtiment assez solide. Quand il fut achevé, je le chargeai de quelques ballots de rubis, d'émeraudes, d'ambre gris, de cristal de roche et d'étoffes précieuses. Ayant mis toutes ces choses en équilibre et les ayant bien attachées, je m'embarquai sur le radeau avec deux petites rames que je n'avais pas oublié de faire, et me laissant aller au cours de la rivière, je m'abandonnai à la volonté de Dieu. «Sitôt que je fus sous la voûte, je ne vis plus de lumière et le fil de l'eau m'entraîna sans que je pusse remarquer où il m'emportait. Je voguai quelques jours dans cette obscurité, sans jamais apercevoir le moindre rayon de lumière. Je trouvai une fois la voûte si basse qu'elle pensa me blesser à la tête, ce qui me rendit fort attentif à éviter un pareil danger. Pendant ce temps-là, je ne mangeais des vivres qui me restaient qu'autant qu'il en fallait naturellement pour soutenir ma vie. Mais, avec quelque frugalité que je pusse vivre, j'achevai de consumer mes provisions. Alors, sans que je pusse m'en défendre, un doux sommeil vint saisir mes sens. Je ne puis vous dire si je dormis longtemps ; mais, en me réveillant, je me vis avec surprise dans une vaste campagne, au bord d'une rivière où mon radeau était attaché et au milieu d'un grand nombre de Noirs. Je me levai dès que je les aperçus et je les saluai. Ils me parlèrent, mais je n'entendais pas leur langage?» (à suivre...)