Du piment, du sel, un cube de bouillon, des oignons et, surtout, des quartiers de singe, tête incluse. Laissez cuire dans la marmite et le plat est servi. Chez «Maman Marie Gibier» à Libreville, il coûte 1 500 francs CFA (2,3 euros) et régale de nombreux clients. «Je mange le singe depuis que je suis petite. Je n'en mange pas tous les jours, mais quand j'ai l'occasion. C'est bon», assure Sandra, Gabonaise de 28 ans. Son collègue Jean, lui, semble moins dégoûté. «La viande de singe, grand ou petit, c'est pareil une fois dans la gamelle», estime-t-il. Si les primates restent rares sur les étals des marchés de la capitale gabonaise, leur viande constitue un mets très recherché. Cette demande alimente une importante activité de braconnage dans les forêts de la région, au point de menacer la survie des grands primates. La cuisinière de «Maman Marie Gibier» avoue acheter deux singes par jour, contre cinq dans les années 1990, mais seulement un ou deux chimpanzés et gorilles des plaines de l'Ouest, espèces protégées, par an. Fumés ou tout simplement morts, les primates se vendent de 9 000 francs CFA (14 euros) pour un singe à nez blanc à 40 000 FCFA (61 euros) pour un mandrill, grand singe partiellement protégé. Le prix du gorille oscille entre 20 000 et 30 000 FCFA (30 à 45 euros).