Nouveautés n Les fans de Bob Dylan savourent la sortie concomitante, en ce mois de septembre, de deux CD et d'un documentaire réalisé par Martin Scorsese. Le film No Direction Home de plus de trois heures compte plusieurs entretiens avec l'auteur de Like a Rolling Stone et sortira directement en DVD le 20 septembre. La bande-son du film compte 28 titres sur 2 CD, dont 26 inédits quasi inconnus. L'album s'ouvre avec When I got trouble, considérée comme la première chanson écrite par Dylan à l'époque où il portait encore son nom, Robert Zimmerman, enregistré par un ami en 1959 dans son école du Minnesota. La semaine dernière, la chaîne de cafés Starbucks a également lancé la vente exclusive d'un CD, Live at the Gaslight 1962, des chansons enregistrées dans ce petit café mythique new-yorkais dans les années 1960. Malgré cette avalanche de musique et d'images, de nombreux fans sont horrifiés par la décision du chanteur d'avoir cédé cette exclusivité à Starbucks, la grande chaîne de cafés omniprésente aux Etats-Unis, considérée par certains comme un symbole de la société de consommation. Plusieurs blogs se font fait l'écho de ces critiques dirigées contre l'ancien porte-voix de la contestation des années 1960. Parmi eux, Bill Tallen, un agitateur qui s'est institué prédicateur de son «église pour arrêter de consommer», auteur d'actions coup-de-poing contre des grandes entreprises comme Disney ou Starbucks. «En négociant ce que tu as créé au Gaslight Café à cette multinationale, tu rends cette révolution qui jaillira d'une petite scène obscure encore plus indispensable», écrit-il, disant sa déception dans une lettre co-signée par une centaine de personnalités et qu'il espère remettre en personne au chanteur. Les signataires estiment notamment que l'invasion des cafés Starbucks aux Etats-Unis a contribué à la disparition des petites salles ou cafés-concerts, où des chanteurs comme Dylan ont pu faire leurs débuts. Ce n'est pas la première fois que Bob Dylan irrite ses fans, comme le montre le documentaire de Scorsese retraçant les différentes métamorphoses du chanteur et de son style musical, provoquant idolâtrie ou fureur. Le film passe d'images de son époque troubadour à sa «trahison» du style folk, lorsqu'il est apparu sur une scène, en 1965, avec une guitare électrique, au grand dam de ses admirateurs. Dylan avait choqué en 2004 lorsqu'il a prêté une chanson à une publicité d'une marque de lingerie. En 1996 déjà, il avait vendu les droits de sa chanson emblématique The times they are a'changing à la banque de Montréal pour un spot. Agé aujourd'hui de 64 ans, Dylan dit ne pas être intéressé par le rôle de porte-parole d'une génération ou par la sacralisation de ses chansons.