Le grand public, par opposition à l'aréopage du Palais des congrès de Marrakech, a pu se délecter du film documentaire musical Shine A Light, à la salle Mabrouka à proximité de la place Djamaâ El F'na. Un long métrage complètement « stone » dans une atmosphère pop...ulaire, portant sur les légendes vivantes du rock. Martin Scorsese, fan de la première heure des Rolling Stones, babyboomer comme eux et autre pair (pour ne pas dire père) de la bande à Mick Jagger, caressait depuis longtemps le rêve de réaliser un film avec « les bad boys », face aux Fab'4, les Beatles. Il a toujours ponctué ses films avec des chansons des Rolling Stones. La preuve ! La chanson Jumping Jack Flash accompagne le film culte Mean Streets (1973) avec Robert De Niro. L'auteur de Taxi Driver, les Affranchis ou encore The Departed a filmé deux concerts des Stones au Beacon Theater de NewYork (USA), en novembre 2006, lors de leur tournée A Bigger Bang Tour. D'où est né Shine A Light sorti en avril 2008 — un titre éponyme issu de l'album Exile on Main Street, datant de 1972. Un documentaire faisant office de compromis entre des performances scéniques, enfin le show, des commentaires et autres interviews backstage des membres du groupe et des flashs-back d'archives. Un travelling entre l'exubérance et insouciance, à la beauté du diable des années 1960 en noir et blanc de l'époque, qu'on appelait « Le swinging London » (Londres qui bouge et swingue) et l'énergie « bluffante » de ces vieux brisquards toujours aussi verts, secs et alertes jurant avec la gérontologie filant des complexes au jeunisme. Pierres précieuses Et puis, ce regard intimiste que porte Scorsese sur les Stones à travers d'images volées et captées lors de la préparation des deux concerts et des répétitions, du choix des chansons jusqu'au début du tournage, en passant par la performance proprement dite sous la direction de « Marty » comme aime à l'appeler Mick Jagger. Et ce, à partir... de 16 caméras. L'ancien président américain Bill Clinton et sa femme, Hilary, l'ancien président polonais Aleksander Kwasniewski étaient venus encourager les Stones en coulisses. C'est dire l'importance de l'événement. Ainsi, Mick Jagger, chant et guitare, Keith Richards, lead guitare, Ron Wood, guitare, Charlie Watts à la batterie, Darryl Jones, guitariste de studio, en second couteau depuis le départ de Bill Wyman, et en appoint une section cuivre et trois choristes « illumineront » la scène du Beacon Theater avec Jumpin' Jack Flash, Shattered, She Was Hot, All Down the Line, As Tears Go By, Some Girls, Just My Imagination, Faraway Eyes, Connection, Sympathy for the Devil, Tumbling Dice, You Got the Silver interprété par Keith Richards, Start Me Up, Brown Sugar. Les Rolling Stones inviteront Jack White (des White Stripes) sur Loving Cup, une légende vivante des six cordes, Buddy Guy, sur Champagne and Reefer moment fort où Keith Richards et Ron Wood adoptent un profil bas devant le surpuissant Buddy et la sulfureuse Christina Aguilera sur Live With Me, un duo chic et choc avec Mick Jagger rappelant le tandem Tina Turner-Mick Jagger sur State of Shock des Jacksons Five (album Victory, où figure le duo Mickael Jackson- jagger sur le même titre), lors du Live Aid en 1985. Le finish sera souligné avec l'incontournable Satisfaction... totale. Le film renferme des instantanés attendrissants montrant la complicité existant entre Mick Jagger et Keith Richards qui trouve une épaule fraternelle pour se reposer. « Sur scène, on ne pense pas, on sent la musique, on est dans un autre monde. J'aime ce que nous faisons... » confiera Keith Richards.