Le fameux système de la «tontine» qui consiste à jouer, chaque mois, le montant des pourboires laissés aux serveurs des restaurants, est l?une des institutions gérées par ces «confréries». Chacun, du patron au plongeur en passant par la caissière, peut ainsi gagner une somme confortable puisque le jeu peut regrouper plusieurs restaurants. Au bout de deux ou trois «gains», il est fort possible d?envisager l?ouverture d?un nouveau restaurant. La différence sera prêtée au taux légal le plus bas par la confrérie, à condition que le restaurant accepte de se fournir exclusivement chez un «honorable commerçant» également «membre de la confrérie». Qui dit confrérie dit confrères... et probablement frères. Cela explique des réussites exceptionnelles caractéristiques à la communauté chinoise et, par extension, asiatique. «Quand la marée monte, les gros bateaux montent... et les petits aussi», a-t-on coutume de dire. Ce fait particulier explique également la richesse de certaines «associations» (Hui) qui possèdent des sièges dont la façade est en marbre et en bronze... Elles gèrent, bénévolement, les avoirs de centaines de membres qui leur font une totale confiance... et pour cause. De la naissance au mariage jusqu?à la mort en passant par la vie professionnelle et familiale sinon des loisirs, ces «sociétés» interviennent pour que le modeste individu d?origine chinoise ne se sente jamais isolé. Elles favorisent également le «petit commerce» et ce n?est un secret pour personne de savoir que le Chinatown du XIIIe arrondissement de Paris réalise, à la fin de semaine, un chiffre d?affaires identique aux Champs- Elysées et aux grands boulevards réunis... La différence fondamentale est que dans le quartier chinois, les agressions contre les biens et les personnes sont extrêmement rares, voire totalement inexistantes. La police se demande pourquoi. Les quelques zonards qui se sont retrouvés badigeonnés de mercurochrome de la tête aux pieds savent pourquoi. Lorsqu?ils reviennent désormais au restaurant chinois, on leur offre l?apéritif et le patron vient leur serrer la main. Tout est pour le mieux entre Terre et Ciel. Bibliographie sur les sociétés secrètes Comme de nombreux ouvrages de référence, ils ne sont pas facile à trouver, mais demeurent indispensables et rarement égalés. ? Les sociétés secrètes en Chine, présentées par Jean Chesneaux Collection Archives Julliard (1965). Ouvrage de poche fort complet sur ce sujet particulier. ? Les Chinois de la diaspora - Les Chinois sans la Chine - par François Debré Grand document Marabout (1976). Un autre ouvrage de poche qui actualise le sujet en présentant l?action de ces sociétés dans la diaspora récente. ? Les sociétés secrètes en Chine par B. Fabre Editions Olliège Paris 1933. Probablement le meilleur et le plus complet ouvrage occidental sur ce sujet. Très recherché chez les bouquinistes. Sur l?influence actuelle des sociétés secrètes en Chine : Le Volcan chinois par Ursula Gauthier, collection Documents actualité - Editions Denoël (1998). L?auteur est probablement la première occidentale à s?être penchée sur le cas des sectes qui défrayent la chronique chinoise et à décrire les raisons de leur succès.