On ignore si le personnage enterré dans le monument d?Abalessa est Tin Hinan ; en fait tout ce que nous en savons nous vient de légendes colportées depuis des siècles par la mémoire targuie. C?est cette mémoire qui conserve le souvenir d?une jeune femme arrivée, à une époque immémoriale, dans le désert, venant du Maroc, accompagnée de sa servante appelée Takama. La légende rapporte que le pays était à peu près vide et que seuls quelques idolâtres très primitifs, les Isebetten, vivaient dans les monts de l?Attakor. Tin Hinan va leur livrer la guerre et parvenir à les soumettre, devenant alors la reine du Hoggar. On rapporte aussi qu?elle s?est mariée avec un homme du pays et qu?elle a eu trois filles auxquelles elle a donné des noms d?animaux : Tenert, l?antilope, Temerwelt, la hase et Tahenkodh, la gazelle, desquelles devaient sortir les tribus nobles de l?Ahaggar. Selon une autre version, Tin Hinan n?a eu qu?une fille, Kella, mère de toutes les tribus nobles. Takama, la servante, elle, a engendré deux filles, ancêtres des clans tributaires. Le nom de Tin Hinan doit être lu tin ihinan (celle des campements), nom qui devait sans doute être un surnom, voire un sobriquet. Le nom, frappé de tabou dans le Hoggar, est aujourd?hui principalement porté dans les régions du nord de l?Algérie.