Projection n Le public de la wilaya de Tizi Ouzou a découvert hier Tine Hinane le documentaire de Rabie Ben Mokhtar. Parmi les films en compétition pour l'Olivier d'or au festival du film amazigh dont le coup d'envoi de la dixième édition a été donné avant-hier (lundi) soir à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, Tine Hinane. Ce documentaire de 52 mn retrace l'itinéraire de Tine Hinane et son arrivée à Abalessa. D'emblée le décor est planté avec le plateau d'Abalessa ou a été enterrée Tine Hinane. Tout au long du documentaire des images du pays des Touareg se succèdent avec un substrat de musique puisé dans le patrimoine targui dont l'imzad ; marié harmonieusement avec des extraits de musique classique qui cadre avec le sujet du documentaire. Le réalisateur a choisi de faire intervenir des gens du Sud pour parler du «mythe fondateur» de la société targuie. Données historiques et bribes de fiction pour personnaliser l'arrivée de la reine et de ses fidèles dans la région de Tamanrasset et témoignages font la richesse du documentaire et le rendent animé. Parmi les témoignages, celui du fils d'un Targui qui a participé aux fouilles qui ont permis la découverte du squelette de Tine Hinane en 1926. «Mon père m'a raconté qu'en découvrant le squelette, l'anthropologue nous a demandé de quitter les lieux et d'attendre plus loin.» Il m'a dit : «Nous ignorions ce que l'équipe avait trouvé et ce qu'elle avait emporté avec elle. Le squelette de Tine Hinane et tout ce qu'il y avait dans sa tombe ont été volés par l'équipe qui a fait les fouilles. Le film fournit des données historiques sur l'arrivée de la reine à Abalessa en citant notamment Ibn Khaldoun. Il fait aussi l'inventaire du mobilier funéraire et des bijoux trouvés avec le squelette avec leur datation et donne les mensurations du squelette, de la tombe et sa structure et la disposition de la chambre funéraire… Le documentaire fournit une somme d'informations historiques importantes sur le personnage. Il rappelle la découverte de la tombe par un anthropologue américain d'origine polonaise qui se rend à l'Ahaggar en 1925 et entame des recherches à Abalessa (à 80 km à l'ouest de Tamanrasset) où, selon la légende orale locale, se trouve le tombeau de Tine Hinane. Il raconte que le squelette avec ses bijoux a été d'abord exposé à New York en 1926 (année de sa découverte) puis en France en 1933 pour enfin revenir dans son pays. Tine Hinane est exposée au musée du Bardo. Si le réalisateur n'a pas daté la période d'existence de la reine des Touareg, comme cela lui a été reproché lors des débats qui ont suivi la projection du film, c'est tout simplement parce que aucune datation du squelette n'a été faite, souligne-t-il. Outre les données scientifiques, le réalisateur n'a pas omis de mettre en évidence la légende de la reine de Touareg qui se raconte de nos jours. Une légende qui a joué un rôle important dans la découverte de la sépulture de Tine Hinane. En effet, si la majorité des découvertes archéologiques ont été faites de manière fortuite, celle du tombeau de Tine Hinane a été rendue possible grâce à une légende orale que les Touareg se transmettaient de génération en génération et qui parle d'une reine appelée Tine Hinane qui s'est installée au Hoggar et qui a vécu et était enterrée à Abalessa. Il est noter que le film projeté dans sa version originale, soit en targui, existe également en versions française et arabe. l Pour la signification du nom de Tine Hinane, le réalisateur a fait intervenir Badi Dida illustre anthropologue targui et ancien enseignant au département de langue amazighe de Tizi Ouzou qui dira que le mot composé signifie «celle des voyages» ce qui veut dire la voyageuse ou la migrante. Dans le documentaire on évoque aussi une autre explication selon laquelle Tine Hianne veut dire celle du campement (Tine Hinane qui était boiteuse ne quittait presque jamais son campement et il a été démontré par l'étude de son squelette qu'elle boitait).