Grande déception du consommateur : la baisse des prix annoncée et attendue de ce produit de large consommation n?a pas eu lieu. Au contraire, ils connaissent une envolée difficile à expliquer si ce n?est par l?appétit vorace des spéculateurs. L?affaire du sucre se complique. Ce qui n'était qu?un banal produit de consommation devient, aujourd?hui, un véritable casse-tête pour les producteurs et les consommateurs. Le cours a flambé rapidement dès l?entrée en vigueur, le 1er septembre, de l?accord d?association entre l?Algérie et l?Union européenne qui prévoyait pourtant la baisse des prix sur certains produits de large consommation. Or, le cours du sucre a été dopé de manière explicite et volontaire laissant les consommateurs ahuris. Avant septembre, le prix du kilo de sucre n?excédait pas les 35 DA dans la plupart des épiceries. Aujourd?hui, il devient un produit presque de luxe en atteignant 50 DA et parfois plus, franchissant ainsi un seuil presque inaccessible pour les petites bourses. Pour les producteurs nationaux, c?est une concurrence déloyale avec des Européens qui déversent leurs contingents d?exportation à des prix excessifs. Les gros importateurs, dont le nombre n?est pas connu, profitent de l?aubaine d?un marché affolé par les turbulences de l?offre et de la demande. Les «maquignons» du sucre sont en train de stocker leurs marchandises de façon à laisser le marché en état de mévente. Peu scrupuleux, ces derniers n?hésiteront pas à en augmenter les cours. De l?autre côté, le ministre du Commerce, qui s?est attaqué de front à ces spéculateurs véreux, estime que «les cours baisseront à la suite de l?accord signé avec l?Union européenne». Ce qui est en soi une logique commerciale vu la suppression des droits de douanes. Mais là où le bât blesse, c?est l?énorme quantité de sucre qui est déjà arrivée et stockée dans les hangars des grossistes qui attend d?être libérée pour consommation. Un bras de fer est engagé actuellement entre les producteurs nationaux et les importateurs autour du prix du marché. Les préoccupations ne sont pas les mêmes. Pour les opérateurs, la matière première ou sucre roux est l?enjeu de taille pour sa transformation en sucre blanc raffiné. Le Brésil et l?Australie constituent donc les deux principaux pays d?approvisionnement en matière première. Quant aux importateurs, ils préfèrent les filières juteuses et peu importent la provenance et la qualité du produit. C?est là où les pouvoirs publics devraient le plus intervenir.