Encore une fois, la sonnette d'alarme semble devoir être tirée face à la nouvelle flambée des prix des produits de large consommation. Les prix à la consommation pratiqués par les producteurs et répercutés par le détaillant sur le consommateur répondent-ils à la logique du marché? On commence à en douter sérieusement au regard de la tendance générale à la hausse qui fait que les prix des denrées de large consommation (agroalimentaire) et des services ne connaissent jamais la baisse, ou répondent à la logique de l'économie de marché. Les prix grimpent lorsque les produits de large consommation, pour une raison ou une autre, deviennent rares et continuent d'augmenter même lorsque la situation redevient normale. L'Etat, par un soutien massif soit à la production, soit la subvention à l'importation, tente justement de réguler les prix et les maintenir dans un créneau acceptable. Or, cette régulation des prix s'est avérée jusqu'ici inopérante du fait de la spéculation et de l'agissement, singulièrement par le stockage abusif - pour ne pas dire la soustraction du marché - sur les produits de large consommation pour le maintien des prix à leur plus haut niveau. Selon un récent rapport de l'Office national des statistiques (ONS), l'indice des prix à la consommation a connu une variation de +4,62% durant les six premiers mois de l'année en cours, induite, explique l'ONS, par, en particulier, la hausse des prix des biens alimentaires qui ont augmenté de 6,46% par rapport à la même période de l'année 2009, dont les produits agricoles frais (+6,12%) et les produits alimentaires industriels (+6,75%). Toutefois, il faut noter que ces hausses touchent, ou ont touché, singulièrement le sucre et les produits sucrés dont la variation d'une année sur l'autre ne s'explique d'aucune manière, d'autant plus que la production mondiale de sucre s'est stabilisée après une année 2008 marquée par un recul de la production. Or, la hausse du sucre et des produits sucrés a été évaluée par l'ONS à 42,27% lors du premier semestre de l'année en cours. Une hausse qui ne semble pas se justifier alors que la majorité de la production de cette denrée, essentielle pour le ménage algérien, est détenue par un groupe qui se trouve ainsi en situation de prémonopole, agissant à sa guise sur les prix, maintenus abusivement à la hausse. Les prix des produits et des biens de consommation se sont encore envolés à la veille du mois sacré du jeûne qui, outre d'être connotés à une sorte d'incivisme envers les citoyens, mettent en porte-à-faux les efforts consentis, par ailleurs, ces dernières années par l'Etat pour stabiliser les prix des produits de large consommation par la régulation de la production nationale dans le secteur de l'agroalimentaire. Or, ces efforts, au regard de la réalité sur le terrain, se sont avérés vains puisque malgré les importations massives pour lutter contre la pénurie de ces produits - que cette insuffisance soit réelle ou artificielle - les prix, loin de se stabiliser n'ont pas, en revanche, cessé de grimper pour atteindre l'absurde. Ce sont des fluctuations assez importantes qui ne s'expliquent pas et que, singulièrement, n'explique pas la loi du marché basée sur l'offre et la demande. L'offre est faible, les prix augmentent. Elle se stabilise? Les produits n'en continuent pas moins d'être cédés à la hausse, donnant l'opportunité aux producteurs de réaliser des marges bénéficiaires inqualifiables. Ainsi, la loi du marché a bon dos lorsque les producteurs n'agissent pas dans sa logique et singulièrement ne se regardent pas en tant que services publics travaillant dans l'intérêt général. Avec des pratiques défiant la raison, Ce qui explique en fait pourquoi, malgré la nouvelle donne économique, l'Etat continue à prendre en charge des secteurs théoriquement dévolus aux privés. Or, l'intérêt général est sacré. Il faut savoir s'en montrer digne. Cela n'est pas toujours le cas, comme le montre à satiété le yo-yo que connaissent les prix à la consommation dans notre pays.