Infraction Des agresseurs escaladent le mur, pénètrent chez quelqu?un qui revient à l?improviste avec son épouse. Il reçoit deux coups de couteau, dont un derrière l?épaule. Zirouel est pris, les autres se volatilisent. La justice qualifie cette agression de tentative de vol, Me Chorfi crie à la tentative de vol qualifié et de meurtre. Aïssa Mim, le juge, est impartial ; il condamne selon la première inculpation. La bonne dame n?a pu reconnaître qu?un seul agresseur. Mim, le président du tribunal, parle des deux autres qui ont fui. Il attendra longtemps pour la réponse? L?inculpé nie avoir agressé le mari par derrière avec le couteau. La victime assure avoir reçu deux coups, «l?un par derrière, Zirouel, ici présent, m?a touché à la main gauche». Le juge cherche à connaître la relation de Zirouel avec les deux fuyards. L?inculpé se défend, il n?est d?accord que pour le vol mais dit ne pas connaître les voleurs, puis surprend en affirmant s?être engagé dans le couloir du domicile «car j?ai vu deux étrangers agresser la victime». «J?ai voulu secourir seulement», enchaîne-t-il d?un ton monocorde. La partie civile, Me Chérif Chorfi, tente de déstabiliser le procureur. Le juge refuse ; l?avocat reprend les faits en s?en prenant d?emblée au parquet pour avoir éludé en partie les inculpations. «Quelle tentative de vol ? C?est une tentative de meurtre», s?écrie le fougueux conseil, qui s?en prend encore aux procédures déclenchées par l?instruction et s?étonne que l?incompétence ne soit pas prononcée. «C?est criminel», tonne Me Chorfi, qui poursuit que l?enquête n?a pas été menée dans les normes : «Briser des persiennes, casser des vitres, pénétrer avec armes blanches, un coup de couteau dans l?épaule droite, un autre à la main signe que la victime s?est défendue, et ce n?est pas criminel d?évoquer l?escalade du mur pour entrer dans un domicile ! L?utilisation de la violence ?» Le boucan prend plus d?ampleur lorsque l?avocat s?adresse directement au parquetier. Mim joue son rôle, le calme est rétabli, surtout après que le président eut rappelé au défenseur que les juges ne reçoivent aucune circulaire ou quoi que ce soit. Il regarde bien en face le conseil. «Nous sommes indépendants, en tout cas pour ce qui est de Chéraga», respire le président Aïssa Mim, qui ne veut pas suivre l?avocat sur son terrain de prédilection, à savoir attaquer le ministère public même s?il a commis des erreurs. Le juge du siège veille au grain. «Maître, ne vous en faites pas», recommande le juge. Me Chorfi réclame bruyamment l?incompétence et demande avec force au parquetier de s?éloigner de l?opportunité des poursuites et de se rapprocher de la qualification adéquate. Boutaba, le procureur, se lève, un large sourire aux lèvres, puis regrette que l?avocat ait confondu l?annulation des procédures et les questions préjudicielles. Il dit son désaccord avec certains pans de la plaidoirie. Quant à la qualification, «elle relève du droit et de l?application de la loi dans toute sa rigueur». «L?article 68 du Code de procédure pénale est clair», s?écrie aussi le procureur. Revenant aux faits, il les trouve graves et réclame une peine de prison ferme de trois ans et dix mille dinars? Sur le siège, Mim inflige une peine de prison de deux ans ferme et cent mille dinars de dommages. Me Chorfi grimace et pense déjà à l?appel, au cas où? Mais cela est une autre histoire.