Conséquence n Il est certain qu?on n?est rarement nul en tout et la culture d'une relation prof-élève à sens unique produit beaucoup de dégâts. Bachir, 15 ans, n'a jamais oublié cette institutrice de sixième année primaire qui «criait tout le temps au lieu d'expliquer», reléguant ceux qui ne comprenaient pas au fond de la classe. «Personne ne la voulait comme institutrice, c'est tombé sur moi. A cause d'elle, très vite, je n'avais plus du tout envie d'aller à l'école.» Après une fin de cycle primaire laborieuse, l'adolescent entre au CEM, mais «ça n'allait pas du tout. Sauf en français, parce que la prof était très qualifiée». A la fin de ce cycle, Bachir est orienté vers un centre de formation. Il vient d'y faire sa rentrée pour suivre une formation en mécanique. Familiers des élèves meurtris par le système classique d'enseignement, les enseignants du centre de formation d?Aïn Naâdja savent que ces adolescents partagent un sentiment d'échec, une perte de confiance en soi et la certitude que l'école n'était pas vraiment faite pour eux. Ils tentent de leur inculquer l?autonomie et la considération à leur futur métier. Agé de 14 ans, Djamel est complètement replié sur lui-même, après une mauvaise expérience au primaire et au CEM. Il a mis quatre ans avant de se laisser apprivoiser dans ce centre «Il avait en permanence une peur de mal faire qui l'inhibait. Il a finalement réussi à s?adapter et à s?intégrer au sein de cette session dont la spécialité est la menuiserie, bien qu?elle soit choisie par ses parents», confie Brahim son professeur. L?histoire de Nadjet, 17 ans, vient encore confirmer que l?impact de l?enseignant sur son élève est très fort. «J?ai redoublé dès la première année moyenne. La maîtresse avait des préférés. Quand je levais la main, elle ne m'interrogeait jamais. Mes notes étaient de plus en plus faibles, je n'arrivais pas à me rattraper». «En fait, la classe était divisée en deux groupes. D'un côté, les bons qui suivaient, de l'autre les mauvais dont la maîtresse ne s'occupait pas. Je n?étais pas dans le bon groupe, je me sentais rejetée.» Aujourd?hui, Nadjet a repris confiance en elle et suit une formation de prêt-à-porter au Centre de formation de Birkhadem et aspire à ouvrir un petit atelier de confection dans quelques années. Ces adolescents souvent très marqués par de mauvaises expériences dans leur cursus scolaire comme ils le témoignent, arrivent, tant bien que mal, à repartir à zéro et dédramatiser les pénibles épreuves vécues au cours de leur scolarité.