Réflexion n Le colloque relatif à la pensée politique algérienne (1830-1962) s?est poursuivi, hier, lundi, à l?hôtel El-Aurassi. Mustapha Haddab exposera l?engagement intellectuel et l?itinéraire politique de Jean Amrouche. «Son action politique est apparente et elle était plus nette pour l?indépendance de l?Algérie», déclare l?intervenant. Et d?ajouter : «Il manifestait ouvertement ses idées pour une Algérie libre et indépendante.» «Ses correspondances avec Jules Rois témoignent de son nationalisme et de ses prises de positions politiques», poursuit-il, avant de préciser que c?était «un personnage actif à la révolution, et cela par ses différentes participations, en France, à travers des meetings.» Dans «Penser l'union ou les ambiguïtés des amis de Ferhat Abbas», le professeur Malika Rahal a tenté, de son côté, d'analyser, à travers des textes et des documents, l'histoire de la pensée politique d'un parti : l'Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), entre sa fondation en 1946 et son ralliement au FLN, en 1956. À partir de l'étude d'une des circulaires de ce parti, «rédigée le 28 mai 1952», traitant de la question épineuse de l'union des partis nationalistes algériens, cette spécialiste relèvera que ce genre de support que le parti privilégie pour communiquer avec sa base militante foisonne d'informations et de décisions annonçant une nouvelle démarche dans la manière de penser l'organisation politique. Le programme du colloque a été également marqué par l?intervention de Pierre et Claudine Chaulet à travers une communication qui a pour thème : «La question de la population coloniale 1943-1962». Ces deux communicants ont permis d'identifier cette population, qui jouissait d'un statut déterminé par le fait colonial. Il s'agit de «Français arrivés par vagues successives, surtout après 1871, d'Européens, venus de divers pays de la Méditerranée occidentale: (Espagnols, Italiens, Anglo-Maltais..), de juifs indigènes algériens naturalisés français, eux et leurs enfants, par le décret Crémieux en 1871». Mettant ensuite en exergue la stabilisation progressive de cette colonie de peuplement, sa promotion sociale, par l'instruction, son «apparente homogénéité par son statut de prépondérance économique et politique», ces chercheurs aboutissent au problème de la «revendication d'égalité des droits à l'idée d'indépendance» des mouvements politiques algériens, à partir déjà de 1912, par rapport à ce peuplement colonial. Ce cheminement permet à ces spécialistes de circonscrire le déclenchement de la guerre d'indépendance nationale et par les reclassements politiques qui caractériseront désormais cette communauté. «Dès lors, cette dernière se divisera en trois mouvances : la mouvance Algérie-française, engendrant la création de l'OAS, la mouvance libérale et la mouvance favorable à l'indépendance, qui constituera les amis de l'Algérie». «Cinquante après, l'histoire a tranché, ajoutent-ils : la population coloniale n'existe plus en tant qu'entité humaine et politique : elle n'a pas résisté à la suppression de l'ordre colonial, cependant, il reste quelques Algériens comme nous».