Parcours n «Il constitue, à lui seul, la première génération des poètes algériens contemporains», écrivait Tahar Djaout. Vient de paraître aux éditions du Tell, dans la collection Auteurs d?hier et d?aujourd?hui, un livre consacré à «l?éternel Jugurtha», Jean El-Mouhoub Amrouche, et qui a pour titre Jean Amrouche : mythe et réalité. Le livre, une étude réalisée par Réjane Le Baut, docteur ès lettres, se veut une lumière sur le parcours aux multiples voies de Jean Amrouche, cet homme qui, par les mots, a nettement précisé son engagement au plan intellectuel dans le combat contre le colonialisme, notamment le fait de l?assimilation qui signifie la dépersonnalisation et le reniement des siens. L?étude offre quelques repères biographiques et un chapitre est consacré aux ?uvres du poète. Outre les poèmes, des chants faisant intimement référence au terroir et à l?identité algérienne, notamment kabyle sont recueillis. Jean Amrouche, fortement attaché à ses origines et soucieux de la mise en exergue de la tradition orale, a recueilli les contes berbères ; et en épousant la forme et le style, le poète livre des sentiments profonds qui structurent l?âme populaire kabyle. Jean Amrouche était aussi un homme de radio. Ainsi, dès 1938, il a fait ses débuts radiophoniques à Radio Tunis, en assurant trois causeries à Occident et Maghreb (prélude à ce qui deviendra L?éternel Jugurtha), en donnant des lectures d?un conte berbère, Le chêne et l?ogre, et surtout en produisant douze émissions pour présenter Les chants berbères de Kabylie. Arrivé à Alger, il est nommé, en 1943, à l?Office de Radio France. Il y fait des interventions politiques sur l?actualité. Puis, ayant rejoint Paris, il est nommé, dès octobre 1944, rédacteur en chef adjoint au journal parlé et collabore à quelques émissions comme Tribune de Paris, Ce soir en France, Chronique de l?Afrique du Nord. Poète, penseur, homme de radio, Jean Amrouche était également un homme politique qui exprimait ouvertement ses idées concernant la question algérienne, à savoir la reconnaissance de la personnalité algérienne. Réjane Le Baut expose aussi dans un chapitre les grands thèmes qui ont caractérisé l??uvre de Jean Amrouche, «une ?uvre dispersée, fragmentaire, tant écrite qu?orale et en partie inédite». Le quatrième chapitre est réservé à des textes choisis : lettres, poèmes, articles? Le cinquième chapitre révèle les différents registres d?expression de Jean Amrouche, celui qui fut avant tout poète et homme de la parole et de la voix : poète, polémiste, conférencier, épistolier? Enfin, Réjane Le Baut clôt son étude par un rappel, dans le sixième chapitre, de témoignages sur Jean Amrouche comme ceux de Ferhat Abbas, Jacques Berque, Mohamed Dib, Kateb Yacine, Henri Kréa, Krim Belkacem, Jean Lacouture, Léopold Sédar Senghor, François Mauriac.