Discernement n Les éléments armés encore au maquis ne devraient donc pas tous être amnistiés, même s?ils mettent fin à leur activité armée. Les observateurs soutiennent que parmi les questions qui taraudent le citoyen, il y a celle qui consiste à savoir comment les éléments armés, encore aux maquis, peuvent-ils être identifiés comme étant des individus n?ayant pas été impliqués dans des massacres collectifs, les viols et les attentats à l?explosif dans des lieux publics, pour pouvoir bénéficier des mesures énoncées dans la charte. C?est par rapport à cette observation justement qualifiée de lancinante que le ministre d?Etat, Abou Djerra Soltani, nous a confié, en marge de sa rencontre avec la presse, une précision : «L?Etat connaît ces gens et leurs actes», tranche-t-il. Serein, le ministre rassure que l?Etat serait en possession d? «écrits» concluant que parmi «ces gens» au maquis, il existe des individus amnistiables. Autrement dit, le reste ne devrait-il pas être pardonné par le peuple ? La certitude du ministre quant à l?unicité de ce choix «réconciliateur et sans faille», en «l?absence» d?alternatives provenant des autres entités politiques, renseignerait sur la pertinence de ce projet de charte qui ne souffrirait alors aucun préjudice vis-à-vis du devenir de la nation. Car, en témoin, Abou Djerra Soltani, a conclu qu?à travers les 43 rassemblements qu?il a animés, le peuple algérien est mû uniquement par la sauvegarde des constantes nationales. Selon lui, le peuple s?est, en effet, identifié à ce projet de charte et a donné «une leçon aux fossoyeurs voulant bloquer» la démarche présidentielle. N?ayant pas de surcroît présenté d?alternatives selon le ministre, ces derniers sont qualifiés de destructeurs de la charte. Aux autres thèses présentant cette dernière comme étant purement sécuritaire, le représentant de l?Etat souligne les deux aspects du document, politique et sécuritaire, puisque étant soumis à référendum populaire. A la question relative à l?implication présumée des éléments de l?Armée nationale populaire (ANP) dans la tragédie nationale, comme évoquée par le président de la République lors de meetings populaires, le chef du MSP répond sans ambages : «Les éléments de notre parti ne sont pas impliqués dans cette tragédie». Plus loin, il renchérit : «Si l?ONU possède des noms de personnes qui appartiendraient à notre mouvement, qu?elle nous les donne.» Se démarquant ainsi de cette accusation condamnable, il plaide uniquement pour sa position partisane : «Le MSP évolue dans un couloir propre et confortable». Enfin, faut-il signaler l?enthousiasme manifesté par le chef de file de l?alliance présidentielle qui s?étonne, par ailleurs, que la presse n?ait pas pris en considération le point 4 du paragraphe 5, consacré aux «mesures destinées à renforcer la cohésion nationale». «Le peuple algérien souverain approuve la présente charte pour la paix et la réconciliation nationale et mandate le président de la République pour prendre toutes les mesures visant à en concrétiser les dispositions», lit-on en annexe du décret présidentiel.