Politique n L?instance onusienne déconseille aux Etats, confrontés aux problèmes de migration, de recourir à la répression comme moyen de lutte contre ce fléau. «Une approche entièrement répressive des migrations clandestines n'est ni souhaitable ni réaliste», selon un rapport remis ce mercredi aux Nations unies qui prône «la mise en place d'une politique mondiale pour encadrer les migrations». Le rapport, rédigé par la Commission mondiale sur les migrations internationales, reconnaît le droit «souverain» des Etats de prévenir les entrées non autorisées. Il conclut cependant qu'une approche «purement restrictive des migrations irrégulières n'est pas souhaitable ni réalisable et pourrait mettre en danger les droits des migrants et des réfugiés». «Le rôle des migrants dans le développement et la lutte contre la pauvreté doit être reconnu et soutenu», écrivent les auteurs du rapport, soulignant que les transferts de fonds envoyés par les migrants vers les pays pauvres dépassent largement 150 milliards de dollars par an, soit trois fois le montant de l'aide officielle au développement. La commission a été nommée fin 2003 par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Le rapport, qui devait être remis mercredi à New York à M. Annan, appelle les Etats à coopérer pour lutter contre les migrations irrégulières. Elle appelle dans le même temps à «intégrer efficacement» les migrants réguliers dans leur société d'accueil. Le nombre de migrants dans le monde est passé en l'espace de trente années de 75 à 200 millions de personnes, ce qui représente 3% de la population mondiale ou encore l'équivalent de la population du Brésil. A ce total, s'ajoute celui des immigrés clandestins qui seraient chaque année entre 2,5 et 4 millions à franchir des frontières sans autorisation. «L'envergure des migrations internationales continuera probablement de s'élargir dans un avenir proche et cette croissance pourrait même connaître une accélération due aux disparités toujours accrues en termes de développement, de démographie et de démocratie entre les différentes parties du monde», prédit le rapport. La commission, composée de 19 personnalités indépendantes, prône la mise en place d'un «cadre d'action large, cohérent et mondial» pour les politiques migratoires des Etats membres. «Les questions migratoires ne peuvent être abordées de manière isolée», ajoute le document. M. Annan décidera de la suite à donner à ce rapport qui devrait être soumis aux Etats membres de l'ONU à l'automne 2006. Le texte propose la mise en place d'un organe de coordination entre les organisations onusiennes et des organisations non-gouvernementales.