Synthèse de Ghada Hamrouche «Le défi pour tout un chacun consiste à organiser ensemble la mobilité dans cette région méditerranéenne, en veillant à ce que cet effort soit véritablement collectif et au bénéfice de tous.» Tel est le message qu'a tenu à faire passer M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, lors de son intervention aux travaux du 2e congrès du Dialogue méditerranéen Sud-Nord qui s'est ouvert, hier, à Alicante en Espagne. M. Messahel a souligné la nécessité pour les pays de la Méditerranée d'organiser ensemble la mobilité dans cette région, en veillant à ce que cet effort soit véritablement collectif et au bénéfice de tous. Le ministre a relevé, dans ce sillage, que «la tentation du repli sur soi, de l'exclusion, ou encore celle d'un recours privilégié et à chaque fois plus accentué et plus sophistiqué aux approches répressives est malheureusement forte ici et là». «Il en est de même de celle de l'encouragement de l'exode des compétences des pays du Sud vers ceux du Nord que l'explication par les seuls déséquilibres du marché international du travail ne peut à elle seule justifier, encore moins faire accepter, au regard des énormes conséquences négatives engendrées dans le potentiel des ressources humaines, déjà fort limitées, des pays d'origine», a-t-il dit. Pointant de l'indexe la politique sélectives des candidats à l'émigration dans l'encouragement de l'immigration clandestine, M. Messahel indiquera que «ces approches répressives s'inscrivent à contre-courant du développement naturel et souhaitable des rapports entre les deux rives», estimant qu'«elles alimentent des lignes de rupture et élargissent chaque jour davantage les fossés qui séparent les peuples et les économies de cet espace commun». Ces approches «génèrent, tout autant, chez les individus candidats à l'émigration, autant de motifs d'insatisfaction et de raisons de rechercher et de recourir à des voies alternatives à celle de la légalité», a-t-il poursuivi. «Nul besoin de faire appel aux statistiques disponibles pour confirmer l'inefficacité avérée de ces approches», a-t-il dit, soulignant qu'elles sont «la principale cause de l'accroissement sensible des flux illégaux de migration qui se développent chaque jour et qu'elles poussent quotidiennement de nombreuses personnes à s'engager dans la dangereuse voie de la clandestinité». M. Messahel a affirmé qu'en matière de migration, comme dans tous les autres domaines, «nous avons besoin, tous ensemble, de politiques qui favorisent une approche cohérente, équilibrée et intégrée qui fera de la Méditerranée un véritable trait d'union entre nos peuples [...]». Il a noté que les phénomènes migratoires, en Méditerranée, en Afrique et dans le monde, «restent directement liés aux profonds écarts de développement, de niveau de vie et de salaire existants entre les deux rives». La seule voie pour M. Messahel, de réduire ces flux migratoires clandestins, reste celle de réelles politiques de développement des pays du Sud. «La réduction de ces écarts doit rester notre préoccupation première dans la prise en charge de la question migratoire», a-t-il encore dit, ajoutant que «c'est dans le développement et par le développement seulement que l'on parviendra à limiter et à réduire les flux migratoires». Evoquant la libre circulation des personnes, M. Messahel dira qu'«il s'agit également de faciliter la circulation des personnes, à l'image de ce qui est fait et encouragé pour les biens, les services et les capitaux, et d'adapter à cette logique d'ouverture les politiques restrictives menées actuellement en matière d'octroi des visas». Le ministre plaidera également en faveur d'«une plus grande transparence et une meilleure ouverture en faveur de la circulation des hommes et des femmes qui sont, en définitive, les seuls véritables créateurs de savoir et de richesse». «Les rives sud de la Méditerranée ne peuvent durablement s'accommoder du rôle de gardiennes de la sécurité des frontières de la forteresse Europe voisine dans lequel certains veulent les confiner», a-t-il poursuivi. Il a souligné, par ailleurs, la nécessité de «développer des politiques et des mécanismes de lutte effective contre l'hémorragie de matière grise que subissent impitoyablement les pays du Sud». «L'effort devrait porter sur la mise en place dans les pays du nord d'instruments institutionnels à même de favoriser la fluidité du savoir et de ses porteurs immigrés vers le Sud et faire ainsi bénéficier les pays du Sud des compétences et savoirs dont sont porteurs leurs ressortissants établis dans les économies développées», a-t-il suggéré. M. Messahel a indiqué, d'autre part, que la lutte contre la migration illégale et ses réseaux mafieux «est une tâche qui interpelle directement chacun de nos pays et pour laquelle le besoin de coordination et de coopération régionale est incontournable».