Résumé de la 10e partie n Entendant le récit de Dahnasch, qui décrivait la beauté de la princesse Boudour, Maïmouna se moqua de lui en affirmant que Kamalzamân était de très loin plus beau qu?elle. Alors Maïmouna lui cria : «Veux-tu te taire, maudit ! Je te répète que mon ami est si beau que, si tu le voyais, fût-ce en rêve, tu tomberais en épilepsie et tu baverais comme un chameau !» Et Dahnasch demanda : «Mais où est-il donc et qui peut-il être ?» Maïmouna dit : «O coquin, sache qu'il est dans le même cas que ta princesse, et il est enfermé dans la vieille tour au bas de laquelle j'ai ma demeure souterraine. Mais ne va pas te flatter de l'espoir de le contempler sans moi. Pourtant, je veux bien consentir à te le montrer moi-même pour avoir ton opinion, tout en te prévenant que si tu avais l'audace de mentir, en parlant contre la réalité de ce que tu vas voir, je t'arracherais les yeux et ferais de toi le plus misérable des éfrits ! De plus j'entends bien que tu me payes une forte gageure si mon ami se trouve être plus beau que ta princesse ; et, pour être juste, je consens aussi à t'en payer une si c'est le contraire !» Et Dahnasch s'écria : «J'accepte la condition. Viens donc avec moi voir El-Sett Boudour, dans le pays de son père, le roi Ghaïour !» Mais Maïmouna dit : «C'est plus vite fait d'aller à la tour, qui est là sous nos pieds, pour juger d'abord de la beauté de mon ami ; après nous comparerons !» Alors Dahnasch répondit : «J'écoute et j'obéis !» Et aussitôt tous deux descendirent en ligne droite du haut des airs jusqu'au sommet de la tour et pénétrèrent, par la fenêtre, dans la chambre de Kamaralzamân. Alors, Maïmouna dit à l'éfrit Dahnasch : «Ne bouge plus ! Et surtout sois convenable !» Puis elle s'approcha de l'adolescent endormi et souleva le drap qui le couvrait en ce moment. Et elle se tourna du côté de Dahnasch et lui dit : «Regarde, ô maudit. Et fais attention de ne pas tomber tout de ton long !» Et Dahnasch avança la tête et recula, stupéfait ; puis il allongea de nouveau le cou et inspecta longuement le visage et le corps du bel adolescent ; après quoi il hocha la tête et dit : «O ma maîtresse Maïmouna, je vois maintenant que tu es fort excusable de penser que ton ami est incomparable en beauté car en vérité, je n'ai jamais vu autant de perfections dans un corps d'adolescent ; et tu sais que je connais les plus beaux parmi les fils des humains. Mais, ô Maïmouna, le moule qui l'a fabriqué ne s?est cassé qu'après avoir donné un échantillon femelle, et c?est justement la princesse Boudour !» A ces paroles, Maïmouna fondit sur Dahnasch et lui assena sur la tête un coup d'aile qui lui cassa une corne, et lui cria : «O le plus vil d'entre les éfrits, je te somme d'aller sur l'heure à ce pays du roi Ghaïour, au palais de Sett Boudour, et de transporter de là-bas la princesse jusqu'ici ; car je ne veux pas me déranger en t'accompagnant chez cette petite. Une fois que tu l'auras portée ici, nous la ferons coucher à côté de mon jeune ami et nous comparerons avec nos propres yeux. Et reviens vite, Dahnasch, ou je te mets le corps en lambeaux et te jette en pâture aux hyènes et aux corbeaux !» Alors l'éfrit Dahnasch ramassa sa corne qui gisait et, lamentable, s'en alla. Puis il traversa l'espace comme un javelot et ne tarda pas à revenir, au bout d'une heure, chargé de son fardeau. La princesse endormie sur les épaules de Dahnasch n'avait sur elle que la chemise et son corps palpitait dans sa blancheur. Et sur les larges manches de cette chemise, tramée de fils d'or et de soie multicolore, étaient brodés ces vers qui s'entrelaçaient agréablement : «Trois choses l'empêchent d'accorder aux humains un regard qui dise oui : la crainte de l'inconnu, l'horreur du connu et sa beauté !» (à suivre...)