Résumé de la 9e partie n Le roi Ghaïour, raconte Dahnasch, fait construire pour sa fille sept palais pour la distraire. Dans chacun, elle passe une année. «Aussi la beauté de l'adolescente, au milieu de toutes ces belles choses, ne pouvait que s'affiner et parvenir enfin à l'état suprême qui m'a charmé ! De telle sorte qu'il ne faudrait point t'étonner, ô Maïmouna, si je te disais que tous les rois, voisins des Etats du roi Ghaïour, désiraient ardemment obtenir en mariage l'adolescente aux fastueuses fesses. Mais je dois me hâter, pourtant, de te rassurer sur sa virginité, car jusqu'à présent elle a refusé avec horreur les propositions que son père lui transmettait ; et chaque fois, pour toute réponse, elle se contentait de lui dire : ?Je suis ma propre reine et ma seule maîtresse ! Comment souffrirais-je de voir un homme froisser un corps qui tolère à peine le contact des soieries ?? «Et le roi Ghaïour, qui eut préféré mourir plutôt que de contrarier Boudour, ne trouvait rien à répliquer ; et il était obligé de décliner les demandes des rois, ses voisins, et des princes qui venaient à cette fin dans son royaume du plus profond lointain ! Et même un jour qu'un jeune roi, plus beau et plus puissant que les autres, s'était présenté avec, avant son arrivée, beaucoup de cadeaux préparatoires, le roi Ghaïour en parla à Boudour qui, indignée cette fois, éclata en reproches et s'écria : ?Je vois bien qu'il ne me reste plus qu'un seul moyen d'en finir avec ces tortures continuelles. Je vais saisir ce glaive qui est là et m'en enfoncer la pointe dans le c?ur et la faire sortir par mon dos ! Par Allah ! C'est mon seul recours !» «Et comme elle se disposait vraiment à user de cette violence sur elle-même, le roi Ghaïour fut tellement épouvanté qu'il tira la langue et secoua la main et roula autour de lui des yeux blancs ; puis il se hâta de confier Boudour à dix vieilles fort sages et pleines d'expérience dont l'une était la propre nourrice de Boudour. Et depuis ce moment les dix vieilles ne la quittent pas un seul instant et veillent même à tour de rôle à la porte de son appartement.» «Et voilà, ô ma maîtresse Maïmouna, où en sont les choses maintenant. Et moi, je ne manque certes pas d'aller, toutes les nuits, contempler la beauté de la princesse, pendant son sommeil» «Je t'adjure donc, ô Maïmouna, de venir avec moi voir mon amie Boudour dont la beauté te charmera, à n'en pas douter, et dont les perfections te raviront, je m'en porte garant ! Allons, Maïmouna, admirer El-Sett Boudour, au pays du roi Ghaïour !» Ainsi parla l'éfrit Dahnasch, fils du rapide Schamhourasch. A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, se tut. Elle dit : Ainsi parla l'éfrit Dahnasch, fils du rapide Schamhourasch. Lorsque la jeune éfrita Maïmouna eut entendu cette histoire, au lieu de répondre, elle eut un rire moqueur, allongea un coup d'aile dans le ventre de l'éfrit, lui cracha à la figure et lui dit : «Tu es bien dégoûtant ! Et vraiment je me demande comment tu as osé m'en parler, alors que tu dois bien savoir qu'elle ne saurait supporter un instant la comparaison avec l'adolescent si beau que j'aime !» Et l'éfrit s'écria, en s'essuyant la figure : «Mais, ô ma maîtresse, j'ignore totalement l'existence de ton jeune ami, et, tout en te demandant pardon, je ne demande pas mieux que de le voir, bien que j'hésite fort à croire qu'il puisse égaler la beauté de ma princesse !» (à suivre...)