Défi n Bien que la fabrication de chaussures se fasse maintenant en usine, les cordonniers conservent leurs lettres de noblesse auprès de ceux qui croient à la récupération. Les cordonniers étaient jadis très nombreux. On raconte qu?à la Casbah durant la période coloniale, près de 10% des pères de famille faisaient ce métier. La ville comptait, à cette époque, une quarantaine de boutiques ou commerces de chaussures. Aujourd?hui, les effets de la mondialisation et l?arrivée de chaussures bon marché sur lesquelles les réparations s?avèrent inutiles et coûteuses se font sentir, les professionnels sont à la croisée des chemins. En pleine mutation, la cordonnerie s?oriente de plus en plus vers la polyvalence. «Il faut diversifier ses activités pour faire face à la chronique d?une mort annoncée dans le métier, la voie de la polyvalence ou de service semble colmater les brèches. S?il veut survivre, le cordonnier, installé comme artisan, est obligé de diversifier ses activités. Il va, par exemple, vendre beaucoup d?accessoires qui sont en relation avec son métier», explique, Brahim un très ancien cordonnier à la ville de Aïn Bénian. Un cordonnier professionnel peut réparer jusqu?à une vingtaine de chaussures par jour, selon le lieu où il exerce. Un cordonnier installé près d?une rue fréquentée est plus favori que celui qui tient un coin isolé. Le comportement, l?ancienneté, la qualité de travail et les tarifs de réparation sont aussi très importants pour attirer la clientèle. «A chacun sa technique, les uns baissent les coûts de réparation, les autres préfèrent inviter leurs clients à prendre une tasse de café et à discuter, le temps que la chaussure soit réparée. Mais d?autres plus pratiques améliorent la qualité du service. Ils n?hésitent pas, par exemple, à emballer les savates de leurs clients dans un sachet de marque tout en leur passant un coup de cirage pour les lustrer», explique Mohamed, vieux cordonnier à la rue Didouche-Mourad.