De mémoire de Tizi-Ouzien, jamais les prix des produits de large consommation, notamment ceux des fruits et légumes, n?ont été aussi abordables en ce mois. Il faut espérer que cela durera jusqu?à la fin du ramadan. Les devantures des magasins de fruits et légumes, des bouchers et boulangers sont parées de produits qui ne manquent pas d'interpeller le passant. C'est le ramadan? Le mois sacré du calendrier higérien musulman est accueilli avec joie en Kabylie comme ailleurs dans les autres régions du pays. Les préparatifs pour la circonstance ont commencé quelques jours plus tôt. Les familles à moyens revenus ont fait leurs emplettes, en prévision de la hausse des prix des produits alimentaires. Tout le monde met la main à la pâte pour contribuer dans l'achat d'un dessert, de légumes, de gâteaux. Les enfants qui travaillent doivent également aider leurs parents. Autres temps autres traditions, mais l'esprit demeure le même. Les Kabyles ont toujours accordé une importance particulière au premier jour de ramadan qui doit être accueilli dans la joie. Jadis les familles se préparaient quelques semaines avant le mois sacré, pour un grand nettoyage de la maison, badigeonnage des murs, lavage de toute la literie, achat de nouveaux ustensiles de cuisine, notamment la marmite devant servir à la préparation de la chorba. Dans certaines régions, on préfère les ustensiles en terre cuite. Assiettes, marmites couscoussiers et tadjins (pour la cuisson de la galette) sont préparés spécialement pour l'occasion. De nos jours, cette tradition est encore présente, mais la vaisselle est achetée chez les potiers. Cela dit, le ramadan demeure le mois où toute la famille se réunit autour de la table au moment du f'tour. Les visites familiales effectuées la soirée ont repris ces dernières années avec le retour au calme sur le plan sécuritaire. Les habitants des villes sont plus avantagés que ceux des villages, puisqu'ils ont la possibilité de se rendre dans les centres culturels et autres salles pour des soirées artistiques et théâtrales. Toutefois, l'activité culturelle bute souvent sur la contrainte du manque d'infrastructures pour les abriter. Ainsi est vécu le ramadan en Kabylie. Si les familles aisées n'y éprouvent aucune difficulté, les pauvres se débrouillent tant bien que mal pour passer le mois dans la dignité et la piété.