Une virée chez les disquaires nous donne une idée sur la place du chaâbi dans le paysage musical. Pour tâter le pouls de cette musique, il faut connaître la cadence à laquelle se vendent les albums chaâbis. Selon un premier constat, le chaâbi vient juste après le raï qui rafle la mise avec des ventes très importantes. L?engouement pour ce chant n?est plus à démontrer. Il a l?avantage de la nouveauté et il faut dire que les paroliers du raï sont prolifiques par rapport à ceux du chaâbi, beaucoup plus parcimonieux en textes. Concernant les ventes des albums de chaâbi, Amar Ezzahi est incontestablement le chanteur le plus demandé par les jeunes. Ce chanteur au talent sûr jouit d?une aura et d?une admiration qui le portent au pinacle. Il est suivi de Dahmane El-Harrachi, réputé pour ses chansons où il mêle expérience personnelle et méditation existentielle. Guerrouabi et El-Hadj Mohamed El-Anka sont considérés comme les maîtres incontestés du chaâbi et ont un public propre à eux qui se recrute dans les vieilles générations. Ils occupent la troisième place. Quant à la relève, Sid-Ali Lakkam est la nouvelle coqueluche du chaâbi. Kamel Messaoudi, bien que décédé, continue d?attirer une clientèle nombreuse. Il reste celui qui a contribué à apporter une touche de fraîcheur et d?originalité au chaâbi dit moderne. Si on ignore le nombre exact des ventes annuelles d?albums de chaâbi, on sait, en revanche, qu?il y a une évolution exponentielle par rapport aux cinq dernières années. A signaler que la maison d?édition Atlas produit une flopée de chanteurs chaâbis. Elle s?est spécialisée dans ce créneau qui reste porteur en dépit d?une maigre production.