Résumé de la 38e partie n De peur des conséquences fâcheuses d?un refus, Boudour accepta l?offre du roi à qui elle ne dévoila pas sa véritable identité, mais fut bien embarrassée de se retrouver seule, le soir, avec la mariée. Sett Boudour prit les petites mains de la fillette dans ses mains et lui prit la tête dans la courbe de ses bras, l'appuya contre sa poitrine et, à mi-voix, lui chanta doucement des vers d'un rythme si berceur que l'enfant peu à peu s'assoupit avec, sur les lèvres, un sourire heureux. Alors, Sett Boudour lui enleva ses voiles et ses ornements, la coucha, et s'étendit près d'elle en la prenant dans ses bras. Et toutes deux s'endormirent ainsi jusqu'au matin. A peine réveillée, Sett Boudour, qui s'était couchée avec presque tous ses vêtements et même avec son turban, se hâta de faire promptement de sommaires ablutions, vu qu'elle prenait ailleurs des bains nombreux en secret pour ne pas se trahir, s'orna de ses attributs royaux et alla à la salle de justice recevoir les hommages de toute la cour, régler les affaires, supprimer les abus, nommer et destituer. Entre autres suppressions qu'elle jugea urgentes, elle abolit les octrois, les douanes et les prisons et distribua de grandes largesses aux soldats, au peuple et aux mosquées. Aussi l'aimèrent beaucoup tous ses nouveaux sujets et firent des v?ux pour sa prospérité et sa longue vie. Quant au roi Armanos et à son épouse, ils se hâtèrent d'aller prendre des nouvelles de leur fille Haïat-Alnefous et lui demandèrent si son époux avait été bien gentil et si elle n'était pas trop fatiguée ; car ils ne voulaient pas d'abord l'interroger sur la question la plus importante. Haïat-Alnefous répondit : «Mon époux a été délicieux ! Il m'a embrassée et je me suis endormie dans ses bras, au rythme des chansons ! Ah ! comme il est gentil !» Alors Armanos dit : «C'est là tout ce qui s'est passé, ma fille ?» Elle répondit : «Mais oui !» Et la mère demanda : «Alors tu ne t'es même pas complètement déshabillée ?» Elle répondit : «Mais non !» Alors le père et la mère se regardèrent, mais ne dirent plus rien ; puis ils s'en allèrent. Et voilà pour eux ! Quant à Sett Boudour, une fois les affaires terminées, elle rentra dans son appartement retrouver Haïat-Alnefous, et lui demanda : «Que t'ont-ils dit, ma gentille, ton père et ta mère ?» Elle répondit : «Ils m'ont demandé pourquoi je ne m'étais pas déshabillée !» Boudour répondit : «Qu'à cela ne tienne ! Je vais tout de suite t'y aider !» Et, pièce par pièce, elle lui enleva tous ses vêtements, y compris la dernière chemise et s'étendit avec elle sur le matelas. Alors, bien doucement, Boudour déposa un baiser sur les beaux yeux de l'enfant et lui demanda : «Haïat-Alnefous, mon agneau, dis-moi, aimes-tu beaucoup les hommes ?» Elle répondit : «Je n'en ai jamais vu, excepté, bien entendu, les eunuques du palais. Mais il paraît que ce ne sont que des demi-hommes seulement ! Que leur manque-t-il donc pour être complets ?» Boudour répondit : «Juste ce qui te manque à toi, mon ?il !» Haïat-Alnefous, surprise, répondit : «A moi ? Et que me manque-t-il, par Allah ?» Et Boudour lui expliqua. A ces paroles, la petite Haïat-Alnefous, épouvantée, lança un cri étouffé, les yeux dilatés par la terreur. Mais Boudour la baisa dans les cheveux et lui dit : «Par Allah ! Ya Haïat-Alnefous, je plaisantais seulement !» Et elle continua à la couvrir de baisers jusqu'à ce qu'elle l'eût complètement calmée. Et toutes deux, ainsi enlacées, s'endormirent jusqu'au matin... A ce moment de sa narration, Shahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Mais lorsque fut la deux cent onzième nuit, elle dit : ? Et toutes deux, ainsi enlacées, s'endormirent jusqu'au matin. Alors Boudour sortit présider aux affaires du royaume ; et le père et la mère de Haïat-Alnefous entrèrent prendre des nouvelles de leur fille. (à suivre...)