Résumé de la 51e partie n Intrigué par les honneurs dont il est comblé par le roi de l?île d?Ebène, Kamaralzamân voulut en savoir plus auprès de lui. Lorsque Kamaralzamân eut entendu ces vers et saisi leur signification, il fut excessivement confus et ses joues rougirent à l'égal d'un tison enflammé ; puis il dit : «O roi, ton esclave t'avoue son manque de goût pour ces choses dont il n'a pu prendre l'habitude. Et de plus je suis trop petit pour pouvoir supporter des poids et des mesures que ne pourrait tolérer le dos d'un vieux portefaix !» A ces paroles, Sett Boudour se mit à rire extrêmement, puis dit à Kamaralzamân : «Vraiment, ô délicieux garçon, je ne comprends rien à ton effarouchement ! Ecoute donc ce que j'ai à te dire à ce sujet : ou bien tu es petit ou bien tu es majeur. Si tu es encore petit et que tu n'aies pas atteint l'âge de la responsabilité, on n'a rien à te reprocher ; car il n'y a point à blâmer les actes sans conséquence des petits ou à les considérer d'un ?il dur et violent ; si tu es dans un âge responsable ? et je le crois plutôt, à t'entendre discuter avec tant de raison ? alors qu'as-tu à hésiter ou à t'effaroucher puisque tu es libre de ton corps, que tu peux le consacrer à l'usage que tu préfères et que rien n'arrive que ce qui est écrit ? Songe surtout que c'est moi plutôt qui devrais m'effaroucher puisque je suis plus petit que toi ; mais moi, je mets en application ces vers du poète.» Lorsque Kamaralzamân eut entendu ces paroles et ces vers, il vit la lumière se changer en ténèbres devant son visage ; il baissa la tête et dit à Sett Boudour : «O roi plein de gloire, tu as dans ton palais bien des jeunes femmes et des jeunes esclaves et des vierges fort belles, et telles que nul roi de ce temps n'en possède de semblables. Pourquoi délaisser tout cela pour ne vouloir que de moi seulement ? Ne sais-tu qu'il t'est loisible d'user avec les femmes de tout ce qui peut solliciter tes souhaits ou encourager ta curiosité et provoquer tes essais ?» ? Sett Boudour fur alors prise d?un tel rire qu?elle faillit s?évanouir. Puis soudain elle devint sérieuse et repris on ancienne voix si douce et si chantante et dit à Kamaralzamân : «O mon époux bien-aimé, comme tu as vite oublié nos belles nuits passées !» Et elle se leva vivement et, jetant loin d?elle les habits masculins dont elle était vêtue et le turban, elle apparut toute nue avec sa chevelure éparse sur son dos. A cette vue, Kamaralzamân reconnut son épouse Boudour, fille du roi Ghafour, maître d?El-Bouhour et d?El Koussour. Et il l?embrassa et elle l?embrassa, et il la serra et elle le serra, puis tous deux, pleurant de joie, se confondirent en baisers sur les matelas. Alors la reine Boudour se réunit avec le roi Armanos, père de Haïet-Alnefous, lui raconta la vérité sur son histoire, et lui révéla que la jeune Haïet-alnefous, sa fille, était encore tout à fait vierge, exactement comme avant. Lorsque le roi Armanos, maître de l?île d?Ebène, eut entendu ces paroles de Sett Boudour, fille du roi Ghafour, il s?émerveilla à la limite de l?émerveillement et ordonna que cette histoire prodigieuse fût écrite en lettre d?or sur des parcheins de choix. Puis il se tourna vers Kamaralzamân et lui demanda : «O fils du roi Schahramân, veux-tu entrer dans ma parenté en acceptant comme seconde épouse ma fille Haïat-Alnefous, qui est encore intacte de toute secousse ?» Kamaralzamân répondit : «Il me faut d?abord consulter mon épouse Sett Boudour, à qui je dois le respect et l?amour !» Et il se tourna vers la reine Boudour et lui demanda : «puis-je avoir ton agrément au sujet de Haïat-Alnefous comme seconde épouse ?» Boudour répondit : «Mais certainement ! car c?est moi-même qui te l?ai réservée pour fêter ton retour ! Et je serai heureuse de tenir même le second rang, car je dois beaucoup de gratitude à Haîat-alnefous pour toutes ses gentilesses et son hospitalité !» (à suivre...)